Réhabilitation du patrimoine Perret (Le Havre), entre enjeux architecturaux et solutions durables

Chaque année, la construction neuve ne représente qu’environ 1% du renouvellement du parc immobilier français. A côté, on peut observer qu’en 2017, en France, 55% des logements individuels et 69% des logements collectifs dataient d’avant 1974 (The shift project 2017). Dans ce parc immobilier, et pour plusieurs villes portuaires, nous retrouvons une part importante de bâtiments datant de la reconstruction. En Normandie, la ville du Havre obtient en 2005 un classement UNESCO reconnaissant la valeur patrimoniale de l’architecture de la reconstruction, dont Auguste Perret est l’architecte reconnu pour être le principal penseur.

Aujourd’hui, ce patrimoine est vieillissant selon plusieurs points de vue, mais reste aussi qualitatif selon d’autres :

Avec une utilisation du béton armé très importante en milieu côtier, la corrosion des aciers représente à la fois une problématique esthétique et un risque structurel (« Comportement des structures en béton armé existantes », s. d.)

Une bonne partie de ces bâtiments ne présentent pas ou très peu de système d’isolation. Les consommations énergétiques sont très importantes, notamment en hiver (Perrine LECLERC et al. 2016). En revanche en été, le caractère traversant des logements permet potentiellement de ventiler et d’éviter la surchauffe.

La communauté urbaine du Havre a engagé depuis plus de 10 ans maintenant des opérations d’aide à la rénovation, mais celles-ci ne concernent pas le périmètre classé de la ville, pour lequel il apparaît plus complexe d’envisager des actions de réhabilitations pertinentes tout en prenant en compte la qualité architecturale et l’histoire des bâtiments qui seraient concernés.

La ville du Havre, dans le cadre de l’AVAP (Aire de Mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine valant SPR (Site Patrimonial Remarquable)), a réalisé un travail conséquent, quantifiant et classifiant l’ensemble des bâtiments présents au sein du périmètre classé. On y retrouve 7 catégories, allant de 0 pour les monuments historiques à 7 pour le Bâti d’intérêt architectural, postérieur à la Reconstruction.
En dehors des bâtiments classés 0 (Monument Historique), cette catégorisation n’empêche pas d’envisager des travaux de rénovation thermique. Il s’agît donc d’être capable à la fois de prendre en compte un contexte complexe (qualité́ architecturale et éléments historiques à préserver, sites occupés, zone urbaine), tout en préconisant des solutions d’une part les moins environnementalement impactantes, et d’autre part adaptées au contexte portuaire et à la potentielle montée des eaux.
Pour répondre à ces enjeux, il apparaît nécessaire d’aborder le sujet sous différents angles complémentaires. Un travail transdisciplinaire (ingénierie, architecture, histoire) permettra d’ancrer les potentielles réponses dans une réalité de terrain partagée par différents acteurs de la réhabilitation du patrimoine.

Il s’agira dans un premier temps de travailler en parallèle sur plusieurs axes :

L’analyse architecturale et technique du corpus (à distance, sur la base de plans, photos et données)

L’analyse de différents cas d’étude (non rénovés, rénovés)

L’analyse du vieillissement du béton en territoire maritime et portuaire

L’identification des risques environnementaux et climatiques majeurs

Identification des solutions techniques et architecturales majeures, en fonction de la classification construite (I.c)

Sourçage de possibilités locales de matériaux bio/géosourcés

Modélisations des transferts hygrothermiques en fonction des solutions choisies (échelle paroi, échelle bâtiment ?)

Expérimentations, à l’échelle laboratoire, sur le ralentissement des facteurs de corrosion des aciers (sulfates, ions chlorures...) suite à la mise en œuvre de systèmes constructifs pour la rénovation thermique.

Il s'agira d'un travail de recherche au centre des relations entre ingénieurs et architectes sur la réhabilitation. Pour ce faire, le doctorant sera accueilli au sein des laboratoire LOMC de l'Université du Havre et ATE de l’École Nationale d'Architecture de Normandie. 
Nous cherchons à travailler sur un patrimoine marqué d'histoire, représentatif d'une partie importante du patrimoine bâti français, pour lequel il est nécessaire de trouver des solutions locales et peu impactantes pour l'environnement. 

Pour cela, nous recherchons un profil soit ingénieur-architecte (double diplôme), soit ingénieur avec une culture architecturale marquée.

Le LOMC est un laboratoire dont l’objet est l’étude de la propagation des ondes mécaniques (acoustique ultrasonore ou ondes non linéaires et instabilités dans les liquides), du comportement des milieux complexes (milieux poreux, matériaux composites, milieux ionisés) ainsi que des applications au génie portuaire et côtier, au géo-environnement ou au contrôle non destructif des structures.

Le laboratoire développe des techniques expérimentales et des outils numériques ou théoriques appropriés à chaque axe de recherche.

Nous recherchons une candidate ou un candidat avec un profil soit ingénieur-architecte (double diplôme), soit ingénieur génie civil avec une culture architecturale marquée.