Gestion RH des chercheurs: l'INRA décroche un label européen

Evelyne Jardin, Rédactrice en chef du magazine Intelligence(s)

Interview de Thierry Boujard, Adjoint au Directeur des Ressources Humaines de l'Institut Scientifique de Recherche Agronomique (INRA)

Evelyne Jardin  : Vous êtes le seul organisme de recherche français à avoir obtenu le label européen HR Excellence in Research, comment avez-vous fait ?
Thierry Boujard : Il faut préciser deux choses. Premièrement, comme près d’un millier de structures de recherche en Europe, nous avions signé les 40 principes de la « Charte européenne du chercheur » et du « Code de conduite de recrutement des chercheurs ». Nous voulions aller plus loin et nous inscrire dans une démarche qualité. Aussi, dans un second temps, nous avons décidé d’implémenter l’outil RH proposé par l’Union Européenne (Human Resources Strategy for Researchers incorporating the Charter and Code Principles). Le label est venu attester des moyens mis en œuvre pour améliorer continuellement les conditions d’accueil et de travail aux chercheurs.
EJ : Quelles sont les exigences européennes ?
TB : L’outil de diagnostic et de suivi proposé par la Commission européenne aux institutions de recherche comprend 5 étapes :
  1. une analyse interne des pratiques actuelles, impliquant les acteurs clés de la recherche ("gap analysis", ou "analyse de conformité") ;
  2. la publication sur le site de l’institution des résultats principaux de l'analyse, avec les actions proposées pour atteindre les objectifs identifiés ;
  3. la demande de reconnaissance de la stratégie par la Commission européenne ;
  4. l’implémentation au sein de l'institution avec une autoévaluation après deux ans ;
  5. une évaluation externe après quatre ans.
Nous nous sommes donc engagés dans un processus extrêmement rigoureux.

EJ : Quels sont d’ores et déjà, les impacts de ce processus qualité ?

TB : Premier exemple : des droits à la formation continue ont été ouverts à tous les chercheurs non titulaires de l’INRA (y compris les doctorants). Deuxième exemple : nos offres d’emploi doivent être publiées le plus largement possible ; nous veillons donc à ce qu’elles soient diffusées sur des portails internationaux. Est-ce une conséquence de cette ouverture ? Depuis deux ans, nous atteignons 20 à 25% de chercheurs de nationalité étrangère parmi nos candidats.


Cette interview est publiée en complément d'une information parue dans le magazine Intelligence(s) d'avril 2011.