L’évolution récente des systèmes de recherche

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Le Centre d’analyse stratégique a publié ce mois-ci la note d’analyse sur "l’évolution récente des systèmes de recherche". Malgré la crise mondiale, la plupart des pays de l’OCDE ont maintenu, voir augmenté, les efforts en recherche-développement. Comment évoluent les systèmes de recherche ? Comment évoluent les politiques publiques ? Comment évolue la coopération entre acteurs publics ? En comparant les politiques publiques en R&D des pays de l’OCDE et des principaux pays émergents, le Centre d’analyse stratégique (CAS) apporte des éléments de réponse...

L’année 2009 a marqué la première baisse depuis 20 ans du taux de croissance réel des dépenses de R&D (avec un recul de 1,6%). Cependant, ce recul est modéré compte tenu de l’ampleur de la crise économique mondiale.

Le Japon connaît la baisse la plus importante avec un recul de -8,6%. La France, quant à elle, fait partie des rares pays de l’OCDE qui ont accru leurs efforts en R&D avec une hausse de +1,9% en 2008 et +3,5% en 2009.

Globalement, les pays de l’OCDE souhaitent améliorer l’efficacité des systèmes de recherche. En 10 ans, les investissements des pays dans la R&D ont doublé et ont atteint en 2010 près de 1300 milliards de dollars en parité de pouvoir d’achat, ce qui montre la priorité donnée à ces domaines.

Depuis 2010, les dépenses de R&D sont reparties à la hausse dans la plupart des pays. Les analyses économiques des cycles d’affaires considèrent que les périodes de récession incitent les entreprises à innover davantage et à se tourner vers de nouveaux marchés.

Le Centre d’analyse stratégique constate une convergence des efforts des pays émergents et développés. Même en période de crise, les pays émergents intensifient leurs efforts en R&D. En Chine par exemple, le ratio des dépenses de recherche (DIRD) rapporté au PIB a presque doublé en dix ans, passant de 0,9% en 2000 à 1,7% en 2009. Les efforts restent cependant à poursuivre car la moyenne de l’OCDE s’établit autour de 2,4%.

Les États-Unis sont le premier pôle international de la recherche. Avec des dépenses de R&D de plus de 402 milliards de dollars en 2009 sur des dépenses mondiales estimées à 1276 milliards de dollars en parité de pouvoir d’achat, ils représentent 40% des dépenses totales de la zone OCDE. L’effort global en R&D de la France est de 42,7 milliards d’euros en 2009., soit 2,26% du PIB. En parité de pouvoir d’achat, la France est en cinquième position en part mondiale de dépenses de R&D.


Les politiques publiques s’inscrivent dans les grandes tendances observées depuis 20 ans. Elles se développent autour de quatre grands axes (les « quatre C ») :
  1. Continuité : investir plus.
  2. Coordination et pilotage stratégique : investir mieux. (L’efficacité des systèmes de recherche ne dépend pas que des moyens : le mode de gestion et la qualité des relations entre les acteurs du public et du privé sont autant importants)
  3. Cohérence et mutualisation des structures : investir autrement.
  4. Culture de l’innovation : susciter la demande pour l’innovation et promouvoir l’esprit de créativité.
Les aides directes pour les systèmes de recherche demeurent importantes, mais les pays de l’OCDE privilégient principalement les aides indirectes à la recherche des entreprises. Elles se développent grâce à la fiscalité.

Les entreprises peuvent bénéficier d’aides directes (subventions, aides remboursables, ou prêts) ou se voir confier des projets de recherche. Les pays ont développé aussi les aides indirectes, en particulier via une fiscalité plus favorable aux activités de recherche et d’innovation. En période de crise, au-delà des subventions directes, les incitations fiscales jouent un rôle de stabilisateur de l’effort de R&D des entreprises. Parmi ces incitations, le crédit d’impôt recherche (CIR) est le plus largement adopté par les pays de l’OCDE.

En France, par exemple, les aides indirectes (0,25% du PIB), du fait du développement du CIR, sont désormais supérieures aux aides directes (0,13% du PIB).


De nombreuses initiatives ont été prises pour renforcer les liens intra-organismes, inter-organismes, et entre ceux-ci et l’enseignement supérieur. Les financements s’opèrent de plus en plus par appels à projets pour orienter les projets porteurs et mutualiser les moyens des acteurs autour d’axes de recherche partagés. La création et le développement d’agences de financement a permis de renforcer ce mode de financement. La Corée a par exemple fusionné ses trois agences de financement pour créer en 2009 la « National Research Foundation ».

Les coopérations entre organismes de recherche sont renforcées et leurs coopérations avec les établissements d’enseignement supérieur le sont également.  En Allemagne par exemple, des programmes pluridisciplinaires sont mis en place. Ces initiatives se traduisent dans certains cas par une fusion entre composantes d’organismes de recherche et d’établissements d’enseignement supérieur.

Le développement des coopérations scientifiques internationales permettent aussi de mutualiser les coûts.

Les activités de recherche se polarisent car une des caractéristiques de l’innovation réside dans la « concentration » d’activités de recherche publiques et privées dans des zones géographiques précises. Le centre d’analyse stratégique cite par exemple les technopoles de la Silicon Valley, la Route 128 aux États-Unis, le pôle Tsukuba au Japon, Le parc Innopolis en Finlande, ou encore les sites Sophia-Antipolis en France.


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> Téléchargez la note d’analyse n°275 d’avril 2012 « L’évolution récente des systèmes de recherche », réalisée par le Centre d’analyse stratégique.

> Site internet du Centre d’analyse stratégique.