Zoom : les chercheurs en Sciences Humaines et Sociales chez EDF

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Karine Berthonnet, chef de Groupe – Énergie, Technologies et Société  de la R&D d’EDF répond aux questions d’ABG. Son équipe regroupe des anthropologues, des sociologues, des politologues mais aussi des  sémio–linguistes. Ces analystes de l’opinion ont construit une véritable expertise sur le domaine de la sociologie de l’énergie et dont l’objectif est de mieux comprendre à la fois les relations de l’usager, du consommateur et du citoyen à l’énergie.

Des chercheurs en sciences humaines et sociales (SHS) éclairent les évolutions sociétales présentes et futures et leurs impacts pour les activités du Groupe EDF et ses relations avec ses parties prenantes : clients, riverains, décideurs publics…

La position du chercheur en SHS en entreprise est délicate : il doit souvent convaincre de l’utilité de ses approches. Le monde académique est suspicieux quant à l’objectivité de son l’analyse du fait de son appartenance au monde industriel. Les collègues ingénieurs attendent des réponses ou des solutions à leurs problèmes, et pas seulement des analyses. Néanmoins, Karine nuance : « notre travail est aujourd’hui mieux compris des équipes techniques depuis qu’elles sont invitées à suivre des focus group, des entretiens avec nous ».


Des études conduites par des équipes pluridisciplinaires

Karine Berthonnet : « La recherche en SHS en entreprise n’est pas un travail solitaire de bibliothèque ». Les chercheurs sont sur le terrain et travaillent souvent en équipe pluridisciplinaire.


Certaines recherches se font dans le cadre de collaborations européennes, notamment avec des chercheurs britanniques et allemands. Chaque équipe conduit une étude sur un usage particulier dans son propre pays et une comparaison est ensuite faite entre les pays. Il existe de vraies spécificités culturelles sur les questions énergétiques en  Europe : la réglementation, les groupes de pression et les habitats sont très différents d’un pays à l’autre.

Certains chercheurs enseignent dans des modules courts spécialisés auprès d’étudiants en Master ou d’élèves ingénieurs. Comme tous les chercheurs, ils publient dans des revues et participent à des colloques.

Le recrutement des doctorants et des docteurs et l’évolution de carrière

Quatre doctorants effectuent actuellement leur thèse en convention CIFRE au sein de l’équipe de Karine. Lorsqu’EDF R&D propose un sujet de thèse en sciences humaines, la recherche du candidat revient souvent aux laboratoires académiques du réseau EDF. Les futurs doctorants sont parfois repérés lors de leur stage de M2 au sein EDF. Lorsqu’un candidat est sélectionné par EDF R&D, il est ensuite auditionné par un cabinet de recrutement, notamment pour tester sa motivation à faire une thèse industrielle. Si l’avis du cabinet est favorable, le candidat est recruté. La R&D d’EDF accueille en permanence 150 doctorants environ toutes disciplines confondues. 23 % d’entre eux sont embauchés à l’issue de la leur doctorat. Leur rémunération  est en fonction de leur diplôme initial et se situe entre 2700 et 2900 euros bruts par mois.

La procédure de recrutement des docteurs en SHS est la même que pour les docteurs en sciences exactes. Une offre de thèse est publiée sur le site http://www.edfrecrute.com/ et diffusée aussi dans des réseaux en SHS. Parmi les  compétences et expériences attendues des candidats, le goût du travail en équipe et un vrai intérêt pour le secteur industriel sont indispensables. Karine Berthonnet souligne : « Le choix de l’entreprise doit être un choix par goût et non par dépit. Une personne non motivée ne sera jamais recrutée ». Karine précise : «Ils devront communiquer et se faire comprendre, non seulement de leurs pairs mais aussi d’ingénieurs qui n’ont pas la même formation qu’eux. Comme à tout chercheur, il leur sera demandé beaucoup d’autonomie »

Contrairement aux chercheurs en sciences exactes, les chercheurs en SHS à EDF R&D sont peu mobiles. Ils s’inscrivent plus dans une optique d’expertise sur leurs sujets.  Toutefois, certains sont intéressés par une évolution au sein d’autres entités.  Certains se dirigent vers la formation ou les Ressources Humaines. Suivant leurs compétences, les sémio-linguistes peuvent rejoignent les services de communication, les sociologues les services marketing et les politologues, les directions opérationnelles en région ; ils deviennent les interlocuteurs des élus locaux.

 
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