La R&D n’est pas ce que vous croyez

Catherine Gayda - Responsable Emploi et Relations Internationales

« La R&D n’est pas que de la recherche appliquée en entreprise, c’est aussi un vrai changement de priorités auxquel le docteur venu du secteur académique devra s’adapter » déclare Bruno Capra, directeur scientifique et associé d’Oxand*. Les jeunes docteurs candidatent souvent sur des postes dans le secteur de la R&D en imaginant que le travail demandé est proche de celui des laboratoires publics. Mais la réalité est différente, la R&D est avant tout orientée vers la satisfaction des besoins des clients. Bruno Capra s’explique : « compte tenu des contraintes budgétaires et de temps, les docteurs doivent souvent faire au plus simple mais aussi au plus rapide si telle est la demande. Leur doctorat les a préparés à aborder et à trouver des solutions innovantes sur un problème complexe. Par contre, ils gèrent parfois mal les délais : ils dépassent les attentes du client en cherchant une solution plus « parfaite » que celle qui est attendue. Cette recherche d’une solution plus élaborée que nécessaire coûte cher pour une valeur ajoutée perçue par le client qui peut être faible. Ils doivent s’adapter à un changement culturel par rapport à ce qu’ils ont appris dans les laboratoires publics durant leur thèse ».
La rapidité n’est pas la seule qualité attendue des docteurs. Ceux-ci doivent aussi être flexibles. Bruno Capra reprend : « La R&D, dans une PME qui doit s’adapter en permanence aux exigences de ses marchés, ne sera pas forcément le lieu où les jeunes docteurs pourront développer l’application de leur thèse pendant plusieurs années. Ils doivent être capables de sortir de leur strict domaine de compétence pour en développer de nouvelles. Bien entendu, les docteurs qui auront fait une thèse en lien avec l’industrie seront appréciés mais pas seulement eux. Nous recherchons des docteurs qui ont réfléchi à un projet personnel en PME, avec une forte capacité d’adaptation, et curieux de nouveaux projets ».

On l’aura compris le pragmatisme régit le fonctionnement de la R&D d’une PME comme Oxand. Le sens des réalités a également réorienté les missions de l’entreprise. Fondée en 2002, initialement dans l’idée d’exploiter un logiciel, la société Oxand a dû, et su, elle aussi, s’adapter aux besoins de ses clients. « Les entreprises souhaitent de plus en plus, par souci de rentabilité, optimiser la durée de vie et la sécurité de leur parc industriel. Partant de ce constat, nous avions créé Oxand afin de vendre à nos clients un logiciel  ciblé sur la prédiction du vieillissement de leurs installations. Très rapidement, nous avons fait le constat que la valeur ajoutée de notre offre résidait pour une part dans le logiciel mais beaucoup plus dans le service associé. Nos clients préféraient payer des missions de conseil, le logiciel leur paraissant trop pointu à utiliser en interne. Nous avions à l’époque une vision très technique des choses liée au passé R&D des co-fondateurs, eux-mêmes docteurs. L’entreprise s’est donc adaptée en créant des offres de service en adéquation avec les besoins clients et aujourd’hui nous développons des logiciels d’aide à la gestion de patrimoines industriels qui s’adressent à des gestionnaires, des décideurs et non plus des experts.  Notre service de R&D a aujourd’hui pour mission de maintenir et développer nos compétences dans le domaine du vieillissement des infrastructures, des méthodes de gestion par les risques, d’optimisation de la maintenance, de la prise de décision. Son périmètre s’est élargi pour coller toujours mieux aux besoins des clients et créer les solutions de demain qui seront de plus en plus à bases de logiciels, de structures connectées et de grande quantité de données à gérer. En parallèle, les missions de conseil et d’accompagnement de nos clients constituent encore l’essentiel de notre activité : entreprises du secteur de l’énergie (Nucléaire, Pétrole & Gaz, Énergies renouvelables), des transports (Ferroviaire, Routes et Voies navigables) et de l’immobilier public & privé (Infrastructures publiques, Patrimoines privés et industriels) ».

Toujours pragmatique, Bruno Capra explique le recrutement de docteurs et ingénieurs capables de remplir des missions sur ce marché en plein développement. « Il n’existe pas de formation unique correspondant exactement à nos domaines de compétences, il faut donc composer et former des équipes pluridisciplinaires » assure-t-il. Ces équipes peuvent être constituées de docteurs et d’ingénieurs afin d’allier les points forts de ces deux cursus. « De manière un peu caricaturale, les ingénieurs sont rapides, efficaces et orientés production. Les docteurs n’ont pas peur de l’inconnu face à un problème nouveau et savent être créatifs. Ils ont appris à présenter leurs travaux clairement en un temps record » énonce-t-il. Au-delà des compétences scientifiques et techniques, les collaborateurs d’Oxand sont dotés de compétences transversales. « Une équipe doit comprendre des profils variés pour mener à bien les projets qui nous sont confiés. Les consultants doivent savoir bien communiquer, être pédagogues, être capables de bien reformuler les problématiques des clients afin de répondre à leurs demandes et être à l’écoute. Les compétences techniques mais aussi la motivation et la volonté de convaincre sont des qualités très appréciées chez nos collaborateurs » assure-t-il. Chez Oxand, comme dans de nombreuses entreprises, la motivation des candidats est déterminante à l’embauche. « Un futur ingénieur en recherche de stage de Projet de Fin d’Etudes (PFE) issu d’une école que nous ne connaissions pas, et qui n’était  pas exactement dans nos secteurs de recrutement m’a relancé plusieurs fois. Sa motivation m’a convaincu de lui donner sa chance. Nous l’avons ensuite engagé et dix ans plus tard, il est l’un des piliers de nos compétences techniques » se souvient-il.

« La plupart de nos collaborateurs entrés comme consultants ont évolué sur d’autres postes. Certains d’entre eux sont devenus managers. D’autres encore délaissent le volet technique pour s’orienter vers des aspects plus commerciaux. Il est encore possible d’accéder à un poste d’expert après 10 à 15 ans d’expérience. Il n’y a pas de règle, tout dépend de la personne, c’est la souplesse d’une PME » conclut-il.

*PME de service spécialisée dans le développent de solutions de gestion et de maîtrise des risques pour les patrimoines industriels : http://www.oxand.com/fr/



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