Génération galère

Evelyne Jardin

Toulouse, Angers, Buc, Bournemouth, Toulouse, de nouveau et maintenant Nambsheim en Alsace, Pascale Chenon, docteur en écotoxicologie, a  dû bouger pour finir par décrocher un emploi dans ses cordes : responsable bio-essais.
Pascale Chenon, docteur en écotoxicologie, fait partie de la génération 2001 (année de sa soutenance), celle qui, selon les dernières statistiques du Céreq a « connu une insertion sensiblement plus difficile que les générations précédentes ». Et même si elle a bénéficié d’un financement de l’Ademe, Pascale n’a été épargnée ni par le chômage, ni par la précarité. Pourtant, tout avait plutôt bien commencé.

Toulouse, Angers
Sitôt son titre de docteur en poche, Pascale rédige un rapport, lié à son sujet de recherche, pour la Direction régionale de l’agriculture et de la forêt (DRAF) à Toulouse. Elle est aux anges : « Génial, se dit-elle, je viens juste de terminer ma thèse et je bosse déjà ! ». Mais la mission ne dure qu’un mois. Premier contact avec l’Anpe pour un stage d’accompagnement vers l’emploi. Début 2002, par l’association des docteurs de l’Ademe dont elle fait partie, elle apprend que l’Agence cherche quelqu’un pour organiser les doctoriales. Elle décroche la mission et part à Angers. La mission accomplie, Pascale passe un entretien d’embauche pour un poste d’animation de la recherche au sein de l’Ademe mais elle n’est pas retenue. Pourquoi ? Elle ne le saura jamais.

Région parisienne, Bournemouth
Janvier 2003, Pascale s’installe en région parisienne. Retour à l’Anpe. Elle pense que son niveau d’anglais pose problème. Alors, elle fait le forcing pour obtenir un stage de langue qui la mène à Bournemouth, en juillet 2004. Elle devait séjourner un mois en Grande-Bretagne, elle y restera onze mois. Dans cette station balnéaire de la côte sud, elle enchaîne des petits boulots : « J’ai été vendeuse, serveuse, j’ai bossé sur ordinateur dans une société d’assurances ». Comme ces jobs ne correspondent pas à ses compétences, Pascale surveille les offres d’emploi dans l’hexagone et repère un poste d’« Adjoint responsable homologations – environnement/écotoxicologie » à Pau. Sa candidature est retenue, elle rentre pour passer l’entretien. Mais c’est une nouvelle déception qui l’attend en France, et un retour à la case Anpe. « C’était plus que difficile », lâche-t-elle.

Toulouse, Nambsheim
Pourtant, elle met un nouveau fer au feu en se décidant (« enfin ! », selon son entourage) à prospecter du côté de l’enseignement. Elle reprend aussi son bâton de pèlerin. En novembre 2004, elle part à Lyon sur un salon professionnel, Pollutec. Ces deux voies vont lui ouvrir des portes. A Pollutec, elle croise Corinne Bitaud, la directrice du Critt « Rittmo », l’association qui l’embauchera neuf mois plus tard. Juste le temps de remplacer un congé maternité ! Car, après avoir envoyé des candidatures spontanées dans des établissements du secondaire, Pascale est contactée et recrutée « en une semaine » par un lycée agricole de la banlieue nord de Toulouse. De fin février à début juin 2005, elle y enseigne la bio-écologie. « C’était le truc le plus lié à ma formation. Enfin, je pouvais exploiter des choses que j’avais fait à la fac ». Entre temps, elle revoit Corinne Bitaud qui était en déplacement à Toulouse. Après un entretien d’embauche très informel, dans un resto de la ville rose, il reste à trouver comment financer la création du poste de Pascale. En juin 2005, c’est la région Alsace qui accorde une subvention d’un an à l’association. Mi août, Pascale est embauchée en CDD comme responsable des bio-essais.

Sur sa fiche de recrutement, à l’association Bernard Gregory, Pascale a inscrit : « Entre l’obtention de mon doctorat et le CDD, quarante trois mois sont passés, dont dix neuf au chômage ».