Dans la tĂȘte des recruteurs

Jean-Auguste-Dominique Ingres, Portrait de Monsieur Bertin (1832)

Vincent MIGNOTTE - Directeur

D’une entreprise à une autre, le processus de recrutement peut être très varié : tri des CV par un être humain ou un robot, suite d’entretiens en face-à-face, entretien avec plusieurs candidats en même temps, ou plusieurs recruteurs en même temps, assessment center, sélection par un chasseur de têtes puis présentation à l’entreprise…

Dans la plupart des cas, les situations de départ et d’arrivée sont invariantes : de nombreux candidats[1] et un seul embauché. Une autre certitude : on est rarement recruté sans rencontrer son futur patron.

 

Quel que soit le processus, les candidats sont sélectionnés de manière progressive. Imaginons, pour faire simple, une succession de trois entretiens.

 

Le premier entretien peut être conduit par téléphone. La personne qui vous appelle a pour objectif de savoir si votre expérience et vos compétences correspondent aux attentes de l’entreprise. Les questions sont précises, factuelles, et ont pour objectif d’éliminer les candidats éloignés du profil recherché : « Maîtrisez-vous la mesure des interactions entre protéines par FRET ? » « Etes-vous mobile sur Grenoble ? ». Votre tâche consiste à apporter des réponses précises et courtoises, à donner des informations utiles, et non à entamer une longue discussion.

 

Le second entretien a lieu en face-à-face, généralement avec un responsable de ressources humaines. Le recruteur que vous rencontrez se pose plusieurs questions à votre sujet, même s’il ne vous le dit pas :

Cet entretien a pour objectif de faire le point sur votre adéquation au poste, tant en termes de compétences, de compréhension des attentes, de que de savoir-être. Un candidat averti en vaut deux, donc n’improvisez pas, préparez l’entretien. Parler de vos compétences, c’est avant tout être capable de raconter dans quelles circonstances vous les avez développées ou mises en œuvre[2].

 

Le troisième entretien consiste généralement, pour le candidat, à rencontrer son futur patron. A ce stade, il ne reste plus qu’un tout petit nombre de candidats en lice, la « short-list ». Toutes les personnes qui ont survécu aux étapes précédentes seraient capables de prendre le poste. Pourtant, une seule sera choisie.

 

Le recruteur sait déjà que le candidat qu’il a en face de lui est compétent. Sinon il ne serait pas là ! Bien sûr, il peut poser des questions techniques, mais l’essentiel est ailleurs. Votre futur patron a une équipe, et il veut savoir si vous êtes digne d’en faire partie. Aussi, ses angoisses sont :

Vous l’avez compris, cette phase finale est la plus difficile car elle se joue en bonne partie à l’intuition, au feeling, à l’affectif. Aucune réponse toute faite, aucune recette, ne peut vous venir en aide. C’est votre attitude positive, votre énergie, votre curiosité, votre humilité aussi, qui vous aideront à être désiré. Soyez prêt à raconter des épisodes de votre carrière qui montrent que vous êtes un bon team player et posez les bonnes questions. En particulier, demandez-lui de vous parler de son équipe !

 

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle certaines personnes finissent régulièrement deuxième lors des recrutements. Parfois, elles ont voulu briller en ayant réponse à tout, parfois elles ont posé une question déplacée (« Pourquoi avez-vous décidé d’implanter une usine en Iran malgré le contexte géopolitique ? »), parfois elles se sont vantées de leurs diplômes devant un patron autodidacte… Autant de motifs d’être poliment écartées.

 

Car si l’entretien de recrutement est stressant pour le candidat, il l’est tout autant pour le recruteur. Le coût pour une entreprise d’un recrutement raté, c’est-à-dire de l’échec lors de l’intégration de la personne, est estimé à deux ans de salaire brut de l’embauché. C’est peut-être contre-intuitif, mais un bon candidat doit savoir rassurer les recruteurs !

 

 

 

 

[1] Le masculin est utilisé à titre générique

[2] En vous aidant par exemple de www.mydocpro.org