Faites comme Jonathan Livingston le Goéland, volez de vos propres ailes

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Auteur : Bérénice Kimpe

Avez-vous déjà lu « Jonathan Livingstone le Goéland », ce conte de Richard Bach sur l’audace et la liberté ? C’est l‘histoire d’un goéland qui est persuadé de pouvoir faire autre chose que ce pour quoi il est destiné et qui ne cessera de repousser ses limites pour continuer à progresser et surtout trouver sa voie.

Au-delà d’une simple lecture d’été, l’histoire de Jonathan est un joli conte sur le développement personnel, comme vous allez pouvoir le constater.

Assumer des choix audacieux[1], c’est savoir faire face à l’incompréhension des autres

Contrairement à ses congénères qui ne volent que pour aller chercher de quoi se nourrir, conformément à leur statut de goéland, Jonathan décide de voler aussi pour le plaisir en cherchant à être le plus rapide. Ses propres parents ne le comprennent pas et lui demandent de rentrer dans le rang. Son attitude détonne, voire dérange, au sein de sa communauté qui ne tarde pas à l’en exclure.

Deux raisons principales à cela : d’une part, nous craignons souvent les personnes qui réalisent des choses que nous-même ne serions pas capables de faire ; d’autre part, les personnes ont une certaine idée de qui vous êtes, elles s’attendent à ce que vous vous comportiez d’une manière correspondante à l’image qu’elles ont de vous.

Par exemple, vous êtes docteur, vous ne pouvez donc être que chercheur, parce que sinon, à quoi cela sert-il de faire une formation à la recherche si c’est pour faire complètement autre chose ?

Peut-être avez-vous déjà fait face à ce type de remarque de la part de votre entourage (famille, amis, collègues…). Mais c’est oublier que le doctorat est aussi une formation par la recherche qui vous permet de développer des savoir-faire et des savoir-être très utiles dans des contextes professionnels autres que celui de la recherche.

Vous avez certainement déjà eu à faire des choix audacieux : quitter la recherche (publique), refuser une offre de poste alors que vous êtes en recherche depuis six mois, vous engager en doctorat alors que vous auriez pu obtenir un poste directement après votre master ou alors que vous êtes en activité professionnelle depuis plusieurs années, choisir une autre voie professionnelle que celle désirée par vos parents qui vous imaginent par exemple prendre la relève… Ce n’est pas facile surtout quand votre entourage vous met la pression en tentant de vous influencer, vous faire changer d’avis. D’où l’importance par la suite d’assumer vos choix. Il ne s’agit pas ici de vous justifier car dans la justification, il y a de la culpabilité, comme si vous aviez fait quelque chose de mal en disant « non ». Or, vous ne faites rien de mal, bien au contraire : vous ne faites que vous écouter et faire des choix cohérents avec vous-même. Assumer vos choix, c’est savoir pourquoi vous les faites.

 

Renier son identité, c’est se rendre malheureux

Après l’échec de ses tentatives en piqué, Jonathan renonce et tente de faire comme les autres goélands, de se conformer à ce qu’on attend de lui : « Je dois me contenter d’être ce que je suis, c'est-à-dire un pauvre goéland borné ». Mais très vite, il se rend compte qu’il n’y arrive pas et qu’il est malheureux en essayant de se comporter comme les autres. Jusqu’à ce qu’une voix au fond de lui le fasse revenir à ses envies, le vol à grande vitesse et la recherche de sens dans ce qu’il fait.

S’adapter à une personne, à une situation, c’est bien et on attend de vous de la flexibilité. Trop s’adapter, au point de vouloir ressembler à l’image que les autres ont de vous pour ne pas les décevoir, c’est risqué. En reniant qui vous êtes au profit des autres, c’est accepter le fait que vous ne vaudriez pas autant que les autres, que les autres ne pourraient pas vous accepter tel que vous êtes. C’est aussi renier vos valeurs, vos motivations, vos envies, vos émotions. Vous ressentirez très vite une frustration et ce sentiment de passer à côté de quelque chose de plus vrai, de plus authentique.

Soyez à l’écoute de vos aspirations et ne transigez pas sur les plus importantes. N’ayez pas peur non plus d’afficher vos ambitions professionnelles avec des objectifs synonymes de challenges pour vous, si c’est ce que vous souhaitez réellement et s’ils sont cohérents avec les missions de votre poste. Restez vous-même, soyez authentique et votre valeur sera reconnue (même si on ne peut pas plaire à tout le monde !).

 

Oser, c’est s’affranchir de ses propres limites

Si Jonathan s’est senti limité par ses pairs au début, il s’en est vite affranchi pour pouvoir vivre sa passion de la vitesse et assouvir sa soif d’apprendre. Sa courbe de progression s’est accélérée au moment où il a pris conscience de ses propres limites tant au niveau du mental que de son corps. C’est d’ailleurs le message clé qu’il transmettra aux jeunes goélands : « Brisez les chaines de vos pensées et vous briserez aussi les chaines qui retiennent votre corps prisonnier. »

Tout comme Jonathan, nous nous sommes construits par rapport à notre environnement, notre entourage, notre éducation, nos expériences… Parfois, ces facteurs d’influence peuvent nous conditionner au point d’altérer la perception que nous pouvons avoir de nous et des autres, de nous limiter dans nos actions. Cela va se traduire par des comportements répétitifs, dont nous sommes conscients ou pas : la sensation que tout le monde se ligue contre nous à chaque fois que nous voulons changer notre situation, le fait de toujours trouver de « bonnes » excuses pour ne pas agir, la propension à aller à l’encontre de nos réels besoins et désirs…

Tant que nous nous trouvons dans notre zone de confort, en sécurité dans notre cadre habituel, nos éventuelles limitations n’ont pas d’effet – même si nous pouvons nous demander si finalement, ce ne seraient pas elles qui nous auraient conduites à notre situation actuelle. Ces limitations ne se manifestent que lorsque nous sommes sur le point de prendre des risques pour pouvoir modifier notre situation.

La vie nous demande souvent de faire des choix que nous pouvons considérer comme « à risque » selon les enjeux qu’ils impliquent. L’orientation professionnelle en fait partie : pas facile de quitter une identité professionnelle pour en développer une autre ; pas facile non plus de quitter la sécurité de l’emploi pour créer sa propre activité sans être sûr de sa pérennité.

En tant que docteur, peut-être vous questionnez-vous sur votre capacité à quitter le secteur académique et votre légitimité à rejoindre le secteur privé ? Mais si d’autres l’ont fait avant vous, pourquoi pas vous ? « Oui, mais eux n’ont pas fait de postdoc, ont fait une formation complémentaire type MBA, ont fait une école d’ingénieur avant, ont fait une thèse CIFRE… » : est-ce là les arguments que vous avez en tête pour freiner la réalisation de votre projet professionnel ?

Tout d’abord, acceptez d’être qui vous êtes. Et plutôt que de chercher ce que les autres ont de plus que vous, concentrez-vous sur ce qui fait que vous êtes qui vous êtes : votre personnalité, votre expérience, vos compétences et votre réseau.

Vous avez des doutes sur l’intérêt de vous avoir dans une équipe ? Demandez à votre entourage comment il vous perçoit, quelles valeurs vous incarnez.

Vous pensez que votre expérience n’est pas suffisante, que vous n’avez pas suffisamment de compétences ? Sachez que l’expérience ne se limite pas aux expériences salariées, vous pouvez tout à fait vous servir de vos activités bénévoles pour illustrer certaines capacités. Peut-être est-ce aussi lié à la façon dont vous la présentez : votre expérience de recherche est-elle présentée de manière purement académique ou a-t-elle des chances d’attirer l’attention d’un recruteur en mettant l’accent par exemple sur son impact ou sur la conduite de projet ? Quant aux compétences, prenez le temps de lister pour chacune de vos expériences les compétences et qualités dont vous avez fait preuve pour mener à bien chacune de vos actions. Vous constaterez très vite que votre expérience de chercheur ne se limite pas aux techniques de labo.

 

Devenir des Jonathan Livingstone n’est pas simple mais reste à la portée de tous : la différence entre les Jonathan Livingstone et les autres, « c’est qu’ils ont commencé à comprendre ce qu’ils sont vraiment et qu’ils ont commencé à mettre en œuvre les moyens que la nature leur a accordés ».

Soyez vous-même et à la hauteur de vos moyens !

 

[1] Audace : action qui brave les habitudes, les goûts dominants