Clarisse Faria-Fortecoëf et Fabrice Martin
6 000 chercheurs employés dans 51 institutions d'enseignement supérieur britanniques, tous statuts et toutes disciplines confondus, ont répondu à l'enquête en ligne de Vitae. Vous vouliez savoir à quoi ressemble une carrière de chercheur de l'autre côté du Channel ? Il suffisait de leur demander.
Publié par Vitae, l’organisme britannique pour le développement de carrière du personnel de recherche (lire
notre article de septembre 2008), le rapport "Careers in Research Online Survey (CROS) 2009 / Analysis of aggregated UK results" se base sur un échantillon de réponses de chercheurs représentant 16% de l'ensemble de cette population au Royaume-Uni.
Précarité mais fidélité
On notera en premier lieu que près de 82% des chercheurs étaient en CDD au moment de l'enquête contre seulement 18% en CDI. Et l'analyse par tranche d'âge n'est pas plus rassurante puisque 58% des chercheurs de plus de 45 ans déclarent être encore en CDD. Les chiffres montrent également que le système anglais, n'encourage pas vraiment la mobilité puisque "c'est plutôt la durée de l'attachement à la même institution plutôt que l'âge qui contribue à obtenir un statut à durée indéterminée". D'ailleurs, près de 63% des chercheurs n'ont connu qu'une seule institution durant toute leur carrière, quitte à ne bénéficier que d'une suite de contrats de courte durée (un CDD excède rarement les 3 ans).
Pour trouver un emploi, Internet apparaît sans surprise comme le vecteur numéro 1 de l'information : 41% des chercheurs déclarent avoir trouvé leur poste actuel par ce moyen. Toutefois, nombreux sont ceux qui citent également le bouche à oreille (30%). On ne vous le dira jamais assez : cultivez votre réseau, dans le privé comme dans le public, c’est le meilleur moyen d'explorer le fameux "marché caché" et peut-être pour vous, l’opportunité d’être pressenti pour un poste avant même sa publication.
L'accompagnement des carrières progresse
Le questionnaire comportait également un certain nombre de questions sur le développement de carrière et la formation des chercheurs. A priori, le résultat semble positif puisque seuls 8% déclarent ne pas y avoir consacré de temps dans les 12 mois précédant l'enquête. Mais, en y regardant de plus près, apparaît un important décalage entre les formations vraiment effectuées par les chercheurs (surtout axées sur les compétences techniques et scientifiques ainsi que l'enseignement et la communication) et les souhaits qu'ils expriment, plus orientées vers des compétences transférables dans d'autres métiers, d'autres secteurs (gestion de carrière, valorisation de la recherche ou encore, leadership et management).
Ils sont tout de même 75% à avoir eu, dans les 12 derniers mois, au moins une conversation sur leur carrière et leurs besoins de formation avec leur responsable hiérarchique. Un pourcentage en très forte progression puisqu'ils n'étaient que 50% lors de l'enquête 2006.
Sur ces questions, les chercheurs font principalement confiance à leur supérieur hiérarchique, à leur famille, aux amis ou aux collègues : rares sont ceux qui ont eu ou comptent avoir recours à un professionnel des ressources humaines ou du conseil carrière.
Et à part la recherche, vous faites quoi ?
A cette question plus de 60% des chercheurs répondent qu'ils sont impliqués dans des collaborations internationales et près de 50% qu'ils travaillent dans une équipe interdisciplinaire. Nombreux sont également ceux qui déclarent gérer des projets ou des budgets, encadrer des thésards ou des étudiants, enseigner, se rendre à des conférences ou encore remplir des demandes de financement. Un ensemble de compétences hautement transférables dans le secteur privé et que l'on aimerait voir mieux valorisées par les recruteurs mais aussi par les candidats eux-mêmes ! On ne peut toutefois s'empêcher de remarquer, là aussi, un certain décalage entre ce que les chercheurs font et ce qu'ils aimeraient faire. Ainsi s'ils sont 30% à pratiquer les collaborations industrielles, ils sont aussi 30% à déclarer qu'ils le souhaiteraient. Plus frappant encore : près de la moitié des chercheurs aimerait assurer des missions dans un autre secteur ou un détachement dans une autre institution alors que seuls quelques uns y parviennent...
Un ressenti globalement positif
Du point de vue des chercheurs, le bilan de tout cela est globalement positif, puisqu'ils envisagent pour la plupart de poursuivre leur carrière dans l'enseignement et la recherche ou encore mieux, dans la recherche seulement. D'ailleurs les chercheurs sont majoritairement satisfaits de leur intégration dans leur institution, s'y sentent bien traités et 72% apprécient l'équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle. Un bon tiers toutefois, se verrait bien faire de la recherche en dehors de l'enseignement supérieur d'ici 5 ans et un bon quart envisage même, à terme de quitter la recherche...
Retrouvez les conclusions et les recommandations des rapporteurs en téléchargeant la version complète du
CROS 2009 sur le site de
Vitae.
Les informations sont uniquement disponibles en anglais.