L?emploi des docteurs en Corée du Sud
E. Jardin
Le pays du matin calme forme désormais presque autant de docteurs que l’Hexagone. La structure disciplinaire est-elle identique ? Et que deviennent les docteurs après leur thèse ?
Selon les statistiques de l’Institut coréen pour le développement de l'éducation (Kedi), 9316 docteurs (dont 1320 en médecine) ont été diplômés en 2006 en Corée. En 1997, ils étaient environ 5000. Hormis les diplômés en médecine, 51% du flux provient de diplômés en sciences pour l’ingénieur (2618) suivi par les sciences dites dures (1454). C’est énorme ? Si l’on examine les données de l’OCDE, pour tout niveau de diplôme, la Corée forme de toute façon beaucoup d’ingénieurs et de diplômés en sciences « dures » qui représentent 40% du total des diplômés.
Comment s’insèrent-ils sur le marché du travail coréen ? Les métiers liés aux sciences et à la technologie représentent 15% des emplois totaux en Corée. Pourquoi ce déséquilibre entre formés et employés, le plus grand parmi les pays de l’OCDE dans ce domaine ? Par l’évaporation des jeunes diplômés pour cause de fuite des cerveaux, un phénomène toujours prégnant en Corée, et ce malgré le niveau de développement du pays.
Chômage en SHS
Toujours selon les chiffres du Kedi, dans le domaine des sciences humaines et sociales (SHS), les diplômés en littérature sont nombreux (737), loin devant les économistes (125)… ce qui n’est pas sans conséquence sur les modalités d’insertion des docteurs. En effet, une enquête menée en 2006 par l’Institut coréen de Recherche pour l'Enseignement Technique et la Formation Professionnel (Krivet) auprès de 728 diplômés entre août 2004 et février 2005 nous apprend que plus d’un quart des docteurs en lettres, langue et culture (LLCE) européenne sont sans emploi, le plus fort taux de chômage parmi tous les docteurs. A l’instar de la situation française, l’insertion professionnelle varie considérablement en fonction des disciplines. En Corée, mieux vaut être docteur en électronique ou en communication que docteur en mathématiques.
Où travaillent les docteurs ?
Toujours selon le Krivet, 43.1% des docteurs interrogés déclarent travailler dans un établissement d’enseignement (privé ou public), 23.8% dans une entreprise, 21.4% pour le gouvernement. Pour les 11.7% restant, on trouve des docteurs créateurs d’entreprise (3.8%) ou officiant dans des organisations non gouvernementales (1.5%). Donc, les docteurs se dirigent massivement vers les universités, l’entreprise étant un second choix de carrière. En effet, malgré des salaires moins attractifs, les docteurs tirent un prestige social et une sécurité de l’emploi à être universitaires.
Alors, heureuses ?
Si les docteurs se déclarent globalement satisfaits de leurs conditions de travail particulièrement concernant « la sensation de contribuer à l’amélioration de la société » et « l’autonomie dans leur travail », a révélé une autre enquête du Krivet, les femmes docteurs sont, pour tous les items, moins satisfaites que leurs homologues masculins. Trop exigeantes ? Ne seraient-elles pas plutôt victimes d’une société encore machiste ?
Sources :
-Mme JIN Mi-suk, M. CHANG Chang-won, M. YOON Hyung-han, Mme. KIM Na-ra, « Etat des lieux de l’emploi en 2006, enquête sur l’embauche des diplômés de doctorat et de maîtrise », 2006, Krivet (en coréen).