Clarisse Faria-Fortecoëf
Spécialiste en matériaux inorganiques, Olivier Majoulet a soutenu en 2012, une thèse en Chimie des Matériaux après des expériences de recherche à Berlin et à Tokyo.
Comment s’est présentée l’opportunité de partir à Berlin ?
C’est sur les conseils de son directeur de mémoire de Master I à l’
Université de Strasbourg et dans le cadre de son stage de fin d’études, qu’Olivier Majoulet prend contact avec un chef de projet de l’
Institut Fritz Haber (FHI) à Berlin. En 2008 et pendant 6 mois, il va ainsi, occuper un poste d’Assistant de recherche dans cet Institut et travailler à l’élaboration de catalyseurs hétérogènes pour la production de biodiesel. "L’idée était d’utiliser la biomasse, une source de carbone largement disponible, pour la transformer en biocarburant". Au niveau du financement, une partie - 300 € par mois - s’est fait sur les fonds propres du FHI. La Région Alsace a participé quant à elle, à hauteur de 150 €/mois.
Quelques mots sur cette expérience ?
"Une expérience très riche au niveau humain. Une ville agréable, fantastique, au niveau du confort, de la qualité de vie, des infrastructures. Une expérience incroyable, j’y ai gardé de très bons contacts. Un Institut de recherche de pointe (importants moyens financiers, plateforme technologique impressionnante) et international avec dans notre département, 17 nationalités pour 70 chercheurs. Je m’y sentais extrêmement bien. Je n’avais pas envie de partir, je voulais rester pour y faire ma thèse". Bien que les conditions idéales étaient réunies, il n’a pas été finalement possible, de trouver un financement pour enchaîner sur un doctorat.
Comment s’est présentée l’opportunité de partir à Tokyo ?
Alors qu'il était doctorant - thèse en co-tutelle entre un laboratoire de l’
Université de Lyon 1 et le
MATEIS de l’
INSA (Institut National des Sciences Appliquées) de Lyon) -, une discussion avec un collègue va conduire Olivier à considérer sérieusement, la perspective d'une nouvelle mobilité.
Après consultation du site de la
Japan Society for the Promotion of Science (JSPS), il va obtenir dans le cadre du
JSPS Summer Programme (Université d’été), une Bourse jeune chercheur d’environ 6000 € pour la durée de son séjour au Japon (10 semaines, de juin à août 2010), avec prise en charge des frais de voyage.
Parmi les conditions pour bénéficier de cette bourse : trouver un laboratoire d’accueil sur place ; élaborer un projet de recherche suivant un cahier des charges précis. "Ce qu’ils veulent : promouvoir un niveau de science élevé et séduire les chercheurs étrangers pour lancer des partenariats et des collaborations durables aussi bien en termes de projets que de contrats avec séjours sur place (post-doctorats, professeurs invités)".
Accueilli dans un laboratoire de l’
Université Waseda de Tokyo (plus de 53000 étudiants dont 2400 étrangers), le projet de recherche d’Olivier compte tenu de la durée, était très proche de celui développé dans le champ de la thèse : "en clair, il s’agissait de développer des matériaux poreux pour la catalyse – la stratégie générale a été conservée, seule la nature du produit final (domaine de compétence du laboratoire d’accueil) a changé".
Quelques mots sur cette expérience ?
"J’ai beaucoup aimé, l’organisation était excellente. Le Japon a un mode de fonctionnement complexe et des traditions multiples – paradoxalement, les choses sont faites avec beaucoup de logique, de façon assez intuitive et pour faciliter la vie de tout un chacun. A l’arrivée et pendant les premiers jours, prise en charge de l’ensemble des étudiants étrangers (114 au total, de différentes nationalités : français, allemands, anglais, canadiens, américains), avec initiation culturelle (musique, calligraphie, cérémonie du thé), cours de japonais (environ 10 heures), conseils pratiques, etc., avant que chacun ne prenne le chemin de son Labo. Les conditions d’hébergement : une chambre en résidence universitaire dont la réservation avait été assurée par le professeur japonais. Au niveau de la langue, c’était un peu plus compliqué, car peu de personnel parlait anglais dans le Labo., sauf un professeur – formidable –, mais cela n’a pas été un obstacle majeur. Des sorties en groupe étaient organisées chaque semaine. Beaucoup de contacts gardés, y compris avec des professeurs".
"Une expérience très formatrice puisqu’elle permet, dans un premier temps, de tirer profit de l’avance technologique du Japon. Ensuite, elle permet de développer différentes qualités aussi bien d’adaptation que de communication. Finalement, un article scientifique de bon niveau a été écrit sur la base des connaissances de chacun et une collaboration solide a été créée".
Vos perspectives aujourd’hui ?
"Je cherche actuellement, du travail".
Le
Forum Horizon Chimie organisé à la
Maison de la Chimie de Paris, le 31, janvier 2013 a été très constructif. Le type d’événement qui lui a permis de rencontrer des entreprises et leurs représentants, de bénéficier de conseils (stratégie de recherche d’emploi, comment réactiver son réseau…).
Pour Olivier dont l’objectif est un poste en Ingénierie R&D dans le secteur privé, bien que le doctorat soit une expérience professionnelle à part entière, il regrette de ne pas avoir fait sa thèse dans le cadre par exemple, d’un contrat
CIFRE.
Travailler à l’étranger ? "Pourquoi pas, il n’y a pas de frontières à la recherche d’emploi".
Un post-doc ? "Pourquoi pas, mais dans le secteur industriel".
Et si c’était à refaire ?
"Je le referai 10 fois. On se sent seul, la première fois à l’étranger, mais cela permet aussi de développer des compétences transversales dans la vie de tous les jours (ouvrir une ligne internet, aller chez le médecin, etc.). Je conseille vivement, le Japon, pays où tout est encadré, pris en charge. Je me rappelle les paroles d’un collègue japonais qui justifiait les nombreux codes de leur société. Ça explique un certain nombre de choses : "au Japon, on suit le flot de la foule, il guide…""