Coup de froid sur la science publique au Canada
Clarisse Faria-Fortecoëf
Un sondage exhaustif réalisé en 2013 révèle que 90 % des scientifiques employés au gouvernement fédéral ne se sentent pas autorisés à parler librement de leurs travaux aux médias.
Entre le 5 et le 19 juin 2013, 15 398 scientifiques fédéraux membres de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC) ont été sollicités par l'Environics Research Group à participer à un sondage en ligne traitant de la science dans la fonction publique fédérale. 4 069 scientifiques ont répondu à cet appel.
Ce sondage dont les résultats viennent d'être publiés dans le rapport « Coup de froid - Bâillonner la science au service de l'intérêt public », se veut la première étude qui évalue l’ampleur et l’impact du
« musellement » et de l’ « ingérence politique » chez les scientifiques fédéraux depuis que le gouvernement Harper a instauré des politiques en matière de communication qui obligent les scientifiques à faire approuver ce qu’ils peuvent dire avant d’être interviewés par des journalistes.
Ainsi, quand leur ministère prend une décision susceptible de compromettre la santé et la sécurité publique ou de nuire à l’environnement, 86 % des scientifiques fédéraux pensent qu'ils ne peuvent s'exprimer librement et publiquement. 74 % d'entre eux trouvent que la communication publique des conclusions d'études scientifiques gouvernementales est devenue trop restreinte depuis les cinq dernières années et sept scientifiques sur 10 (71 %) pensent que l'ingérence politique réduit la capacité du Canada à élaborer des politiques, des lois et des programmes fondés sur des preuves scientifiques.
La marge d'erreur des résultats du sondage est de ± 1,6 %, 19 fois sur 20.