René-Luc Bénichou
Les premiers résultats de l'enquête Génération 2004 du Céreq, qui photographie en 2007 la situation professionnelle des jeunes sortis de l'enseignement supérieur en 2004, montrent que les difficultés d'insertion perdurent pour les docteurs.
Premier indicateur de ces difficultés : le taux de chômage, qui reste anormalement élevé trois ans après l'obtention du doctorat (11% en lettres et sciences humaines, 10% en mathématiques, sciences et techniques). Anormalement parce que, comme le montre bien l'enquête, plus le niveau de qualification augmente, plus le taux de chômage est censé baisser. Sauf pour les docteurs, qui ont le triste privilège de moins bien s'insérer que les diplômés d'un master recherche (taux de chômage à trois ans de 7% en lettres, de 5% en sciences) ou d'un master professionnel (6% en lettres, 5% en sciences).
Deuxième indicateur : la proportion de docteurs qui sont encore, trois ans après la soutenance de leur thèse, sur des emplois à durée déterminée (32% en lettres et sciences humaines, 38% en mathématiques, sciences et techniques). Là encore, la comparaison avec les titulaires d'un master est cruelle, que ce master soit recherche (31% de CDD en lettres, 30% en sciences) ou professionnel (27% de CDD en lettres, 22% en sciences).
Rêve et réalité
Enfin, le Céreq (1) livre un troisième indicateur qui, s'il n'explique pas tout, suggère néanmoins un éclairage pour comprendre partiellement ces anomalies. Il se trouve que, si l'on excepte les diplômés des filières spécialement dédiées à exercer un emploi dans le public (les instituts universitaires de formation des maîtres par exemple), ce sont les docteurs qui, de tous les diplômés du supérieur, sont proportionnellement les plus nombreux à rejoindre le secteur public (64% en lettres et sciences humaines, 50% en mathématiques, sciences et techniques, alors que ce pourcentage n'est que de 33% pour l'ensemble des diplômés LMD).
Autrement dit, la combinaison de ces différents indicateurs montre qu'il y a toujours, pour les docteurs, un décalage entre le rêve de faire carrière à l'université et dans les organismes de recherche et le nombre d'emplois pérennes qui y sont réellement disponibles.
(1) Centre d'études et de recherches sur les qualifications