L?emploi des docteurs gagné par la crise

Dr Evelyne Jardin & Cécile Prévost, Association Bernard Gregory

La R&D est-elle épargnée par la crise ? Pas vraiment, et les emplois hors R&D (conseil, commerce) non plus.
Dans le numéro de mars, nous avions interrogé le service emploi de l’association Bernard Gregory (ABG) pour prendre le pouls de l’emploi des docteurs dans le contexte de crise économique. Le premier bilan était en demie teinte avec un coup de frein sur les embauches en CDI (contrat à durée indéterminée) et le maintien d’un assez bon niveau d’offres d’emploi dans la R&D (Recherche et Développement) et le conseil. Fin septembre, nous avons demandé au service emploi de l’ABG de relever de nouveau les compteurs. Malheureusement, la première tendance est confirmée et en plus, la seconde est infirmée.

Les offres d'emploi
Entre janvier/septembre 2008, et la même période en 2009, le nombre d’offres d’emploi déposées sur le site de l’ABG a baissé de 11.2%. Cette chute affecte particulièrement les offres qui proposent des contrats de droit privé (CDD et CDI confondus) : -17%, contre -2% sur les offres qui proposent des contrats de droit public. En regardant d’encore plus près ce qui se passe dans le privé, on constate aussi que la nature des contrats proposés a radicalement changé. Sous l’effet de la crise économique, les embauches s’effectuent à une écrasante majorité en CDD… dans l’attente de la reprise ? Quels secteurs d’activité ont freiné leurs embauches ? En premier lieu l’ingénierie, et tous les métiers liés à la production sont très touchés par la crise avec une baisse de 58% des offres déposées dans le domaine. Le commerce (- 39 %), le conseil et la R&D (- 22%) sont aussi sinistrés. Seule l’informatique tire son épingle du jeu avec une hausse des offres déposées de 21%.

Les recrutements
Entre janvier et septembre 2009, en pleine période de crise, 600 docteurs inscrits à l’ABG nous ont fait part de leur embauche dans le privé ou le public. Sur ces 600 heureux élus, 18% ont déclaré avoir trouvé un emploi en CDI, contre 41% l’année dernière, sur la même période (voir graphiques). Le changement de nature des contrats d’embauche se confirme sur les recrutements. Bref, l’ambiance n’est pas très joyeuse, mais en décembre 2005, nous écrivions « dans les périodes de dépression économique, comme en 1996 ou pire, en 2003, les possibilités d’insertion dans les entreprises se sont contractées et cela se voit ». Quatre ans plus tard, nous pourrions réécrire ces lignes en annonçant en plus une précarisation de l’emploi des jeunes docteurs dans le secteur privé, une caractéristique du public jusqu’alors.

Sur l’emploi des docteurs dans le privé
"A quand le plein emploi ?", Docteurs&Co n°3, octobre 2004
"Emploi des docteurs : timide optimisme", Docteurs&Co n°6, juin 2005
"Coup de frein à l’insertion des docteurs", Docteurs&Co n°8, décembre 2005
"2005 : la reprise se confirme à l’ABG", Docteurs&Co n°10, juin 2006
"Emploi : l’ABG sort ses chiffres", Docteurs&Co n°20, décembre 2008
"L’emploi des docteurs gagné par la crise ?", Docteurs&Co n°21, mars 2009