Dr Evelyne Jardin
Beaucoup de jeunes docteurs n’ont pas le moral. La cause ? La crise économique qui affecte lourdement le recrutement des jeunes diplomés, doublée d’un sentiment d’être mal reconnus en France.Malgré son doctorat en informatique obtenu en 2007 à l’université du Mans, N. galère. Elle est pourtant dans une spécialité plutôt recherchée (l’informatique) et sa thèse a été effectuée avec des partenaires de la formation professionnelle et de l’industrie. Elle n’est donc pas estampillée « recherche académique pure ». Pourtant, après plusieurs entretiens d’embauche infructueux, elle a désormais la sensation qu’être handicapée par son doctorat.
-Même si certaines entreprises (plutôt grosses) lui apparaissent favorables au doctorat… elle remarque que le docteur doit être aussi un ingénieur, qui plus est diplômé d’une école prestigieuse.
-Dans des petites structures (SSII) qu’elle a aussi tenté d’approcher dans des salons, elle a vu des yeux s’écarquiller « quand on dit que l’on a un doctorat ». Les compétences des docteurs échappent à des pans entiers de l’économie française, lui semble-t-il.
-Des PME connaissent les docteurs (elles sont parfois même dirigées par un docteur), mais certaines ne sont pas prêtes à reconnaître les années de thèse comme une expérience professionnelle.
-Elle note enfin quelques pratiques douteuses autour de l’avantage fiscal à recruter un docteur via le Crédit d’Impôt Recherche. Si certaines entreprises bénéficient de ce que les économistes appellent un effet d’aubaine car elles auraient de toute façon embauché un docteur, d’autres en profitent pour instaurer une limite d’âge et déclarent ne recruter que des jeunes diplômés, alors qu’il n’est pas question de l’âge du docteur, mais du fait que ce doit être son premier CDI.
N. vient à en regretter son doctorat, comme beaucoup d’autres docteurs désabusés qui sont venus témoigner sur le blog de Docteurs&Co au mois d’octobre.