PLASTICOP : Occurrence et impact environnemental potentiel des Micro/NanoPLASTIques présents en estuaire – cas particulier de deux populations transatlantiques du COPépod

Contexte : L'évaluation de l'impact environnemental des nano- et microplastiques est l'un des plus grands défis environnementaux actuels, alors que la grande taille des débris plastiques est visible dans les habitats aquatiques, tandis que la plus petite fraction, nano-microplastique, définie arbitrairement comme des fragments de plastique d'une taille inférieure à 5 mm représentent la partie cachée (Arthur et al., 2008) et la majorité (Lindeque et al., 2020) de la pollution plastique. La consommation massive de matières plastiques entraîne la présence de particules plastiques dans presque tous les compartiments de l'environnement (eau, air, sols, aliments, interfaces). Du point de vue de l'évaluation des risques environnementaux, il est nécessaire de développer de nouvelles stratégies analytiques capables de détecter, d'identifier et de quantifier les nano- et microplastiques à faible concentration dans un large éventail de matrices environnementales et d’en évaluer les effets sur les organismes (Jiménez-Lamana et al, 2023). Les estuaires encore peu étudiés, comme l’estuaire de Seine, ou celui du Saint-Laurent, sont des lieux de canalisation et de transit d’une partie des débris plastiques entre les rivières et les environnements marins. Des études récentes en estuaire de Seine et dans celui du Saint-Laurent révèlent une contamination en MP modérée à forte dans le compartiment eau et sédiment (allant jusqu’à 30 et 52 particules /m³   et 238 et 103 fragments / kg de sédiments) en Seine ou dans le Saint-Laurent respectivement (Cachot et al, 2023 ; Castadena et al, 2024).  Dans ces estuaires, les copépodes Eurytemora affinis, appartenant à un complexe d’espèces cryptiques, sont présents en très grande abondance et ont une forte probabilité d'ingérer des microplastiques, mise en évidence lors d’une étude récente par Thery et al (2023). Comme les copépodes peuvent ingérer des microplastiques dont la taille est similaire à celle de leurs proies (c'est-à-dire les microalgues), des prévisions précises des effets des microplastiques voire nanoplastiques sur ces organismes sont essentielles pour mieux comprendre comment l'écosystème réagira à la contamination par les microplastiques. 

Les questions de recherche sont :

1. Évaluer l’état de la contamination en MP/NP dans les différents compartiments, Eau, Sédiments et copépodes Eurytemora affinis selon la saison (Hiver, Printemps, Été, Automne)                   
2. Évaluer les effets directs de la pollution plastique et du changement climatique sur la physiologie des jeunes stades de vie (nauplii) lors de leurs expositions en conditions contrôlées et identifier le type d’interaction (additif, synergique, antagoniste) entre les forçages étudiés (T°, Concentration en plastique). 
3. Évaluer les effets du réchauffement climatique sur la bioaccumulation des microplastiques/nanoplastiques par les copépodes en conditions contrôlées, à l’aide de MP/NP biosourcés issus de l’estuaire de Seine et du Saint-Laurent. 

Les objectifs de la présente étude sont 1) de déterminer pour la première fois les effets à court et long terme des plastiques sur deux espèces cryptiques au sein du complexe estuarien d'E. affinis (les clades européen et nord-atlantique et 2) d'évaluer s'il existe des différences dans les réponses à la contamination entre ces deux espèces cryptiques.

E. affinis est une espèce modèle au laboratoire SEBIO et de ISMER depuis 20 ans. Les travaux portant sur cette espèce ont donné́ lieu à plus de 25 publications dans des journaux internationaux de rang A. L’expérience acquise au cours de ces années nous a conduits à maîtriser à la fois les prélèvements de terrain et les conditions de culture et d’exposition au laboratoire. Le (la) candidat(e) sera amené(e) à faire des prélèvements sur le terrain, pratiquer l’élevage des copépodes, l’imagerie cellulaire, les tests embryo-larvaire et comportementaux, les tests d’(éco)toxicité, etc.

L’unité mixte de recherche Stress Environnementaux et BIOsurveillance des milieux aquatiques (UMR-I 02 SEBIO) mène ses travaux dans le domaine de  l’écotoxicologie aquatique en adoptant des approches scientifiques centrées sur les effets des stress environnementaux. SEBIO est une unité pluritutelles, implantée sur les sites de l’université Reims Champagne-Ardenne (URCA), de l’université Le Havre Normandie (ULHN) et de l’INERIS à Verneuil-en-Halatte.

L'unité partage au sein d'une même structure un ensemble de compétences scientifiques et techniques dédiées à la compréhension des effets des contaminants sur les organismes aquatiques ainsi qu'au développement et à la qualification d'outils de biosurveillance des masses d'eau. Les travaux de l’UMR s’inscrivent dans un continuum de masses d’eaux, des écosystèmes aquatiques continentaux aux eaux de transitions estuariennes et côtières.

un(e) étudiant(e) qui a terminé un Master ou une maitrise en ecotoxicologie, océanographie, limnologie, sciences aquatiques ou marine. Une base en écotoxicologie sera souhaitable, prêt.e à séjourner 6 à 8 mois à Rimouski au coursde son doctorat sur le Havre.