So What Are You Going to Do with That ?
René-Luc Bénichou
Les docteurs français ne sont pas les seuls à méconnaître le monde de l’entreprise. Leurs homologues américains aussi. Cet ouvrage en témoigne.Soyons clairs : même si cet énième guide de la recherche d’emploi nous vient d’outre-Atlantique, il ne casse pas plus de pattes au canard que les autres. Toutefois, nous en recommandons la lecture pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’il s’adresse spécifiquement aux (futurs) titulaires d’un doctorat, notamment en sciences humaines et sociales. Ensuite parce qu’il se focalise sur les emplois non académiques (ou « post-académiques », comme disent les auteures, elles-mêmes docteurs en littérature anglaise de l’université de Princeton) : le monde de l’entreprise, donc, avec l’industrie, la presse, le conseil en marketing, les relations publiques, les assurances... De nombreux portraits illustrent ces différents métiers et retracent le cheminement professionnel – et personnel – que les docteurs interviewés ont suivi pour se (re)positionner sur le marché de l’emploi après la thèse. Il va de soi, aussi, que les conseils pratiques fournis par l’ouvrage sont pertinents et de bon sens, depuis l’art de collecter des informations sur le monde de l’entreprise jusqu’à la négociation du salaire d’embauche. Même s’ils sont parfois très ancrés dans le contexte culturel américain, il ne fait aucun doute que le docteur français saura les transposer aux us et coutumes hexagonaux.
Last but not least, vous aurez compris que le bouquin est écrit par des docteurs américains pour des docteurs américains. Et c’est précisément ce qui rend sa lecture à la fois fort instructive et décomplexante. Non, les docteurs français ne sont pas les seuls à méconnaître le monde de l’entreprise. Ecoles d’ingénieurs et de commerce ou pas, on comprend à travers un tel guide que, au fond, les docteurs de tous pays sont victimes, souvent consentantes d’ailleurs, d’un monde académique qui exige beaucoup d’eux et leur donne peu en échange. Pas assez d’emplois, ce qui est une constante, mais pas assez non plus d’ouvertures sur ce qu’ils pourraient faire en dehors de l’université et de la recherche publique. On sait tout cela ; cela va quand même mieux en continuant de s’étonner que le monde académique ne transmette même pas la conscience d’avoir développé, grâce à l’exercice de la recherche, une multitude de talents utiles à toute la société. Les tours d’ivoire ont été abattues, dit-on. L’existence d’un tel guide, publié pour la première fois en 2001 et actualisé en 2007, montre que leurs fondations sont quand même bien solides.
Référence : Susan Basalla et Maggie Debelius, So What Are You Going to Do with That ? Finding Careers Outside Academia, The University of Chicago Press, 2007.
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