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Les métiers en 2015

René-Luc Bénichou

Selon un rapport du Centre d'Analyse Stratégique et de la DARES la recherche est un métier d'avenir. Mais attention, les prévisionnistes prévoient aussi des incertitudes...

Pour les rapporteurs, l’innovation technique restera, dans tous les secteurs, un ressort essentiel du développement et devrait soutenir l’emploi des personnels cadres d’études et de recherche. Les prévisions tablent sur 60 000 créations nettes d’emplois entre 2005 et 2015, auxquelles s’ajouterait le remplacement de 58 000 départs en retraite sur la même période, soit un total de 118 000 postes à pourvoir entre 2005 et 2015 (+ 3,8% par an en moyenne) pour arriver à une population de 331 000 cadres de R&D en 2015.

Investissements, concentration, attractivité : des freins possibles
Il y a deux incertitudes toutefois. La première, c’est que l’effort d’innovation nécessitera que les investissements des entreprises privées redémarrent. Le volontarisme des pouvoirs publics en matière de recherche sera aussi déterminant pour impulser une meilleure articulation entre recherche publique et privée (pôles de compétitivité). Par ailleurs, la recherche industrielle nécessite de plus en plus d’atteindre une taille critique, ce qui conduit les groupes transnationaux à rationaliser leurs activités de R&D en les regroupant sur un nombre limité de sites. Dans ce cadre, la difficulté à recruter des chercheurs et les questions liées au coût du travail pourraient conduire certains secteurs à développer leur R&D en dehors du territoire français.

Une multiplication des CDD dans le public
Le rapport s’interroge aussi sur l’évolution de l’emploi dans le secteur public de la recherche. Dans le public, dit-il, les chercheurs sont traditionnellement embauchés à la sortie d’une thèse et font toute leur carrière dans la recherche. Dans le privé, le métier de chercheur est un emploi de débutant avant une évolution vers des fonctions d’encadrement ou de responsabilités. A l’avenir, il est possible que dans le public les postes d’entrées sur une durée limitée se développent fortement au détriment des postes permanents. Après une première expérience de recherche dans le public, les jeunes seraient amenés à se reconvertir dans l’enseignement ou dans la recherche privée.

Quand on manquera d'ingénieurs...
Quoi qu'il en soit, les projections sont plutôt optimistes pour les diplômés de l’enseignement supérieur : le rapport estime même que l'on pourrait aller vers une situation de quasi-plein emploi, voire de pénurie de certains jeunes diplômés. En 2015, le taux de chômage des jeunes diplômés de niveau bac + 3 et plus devrait être de 2% seulement, contre 16% aujourd’hui. Prévoyant que les besoins en ingénieurs, informaticiens et chercheurs iront croissant, le rapport appelle même les employeurs à diversifier leurs recrutements, trop focalisés actuellement sur les jeunes diplômés de niveau bac + 5 et parfois uniquement sur les diplômés de certaines écoles d’ingénieurs.

Les métiers en 2015, Olivier Chardon (DARES) et Marc-Antoine Estrade (Centre d’analyse stratégique), coll. « Qualifications et Prospective », Documentation Française. Disponible en février 2007.