Origine des docteurs et mobilité internationale
Laudeline Auriol, Administrateur OCDE
A l’heure où la presse parle de « fuite de cerveaux », une enquête de l’OCDE (Oragnisation de Coopération et de Développement Economiques) livre des statistiques sur la mobilité internationale des docteurs dans sept pays.En Allemagne, Argentine, Australie, Canada, Etats-Unis, Portugal et Suisse, les docteurs sont-ils également mobiles ? Peut-on distinguer deux pôles : des pays formateurs et des pays employeurs ? Trois pays se distinguent par une proportion moyenne de titulaires de doctorat nés à l’étranger dépassant les 40% : l’Australie, le Canada et la Suisse. Ces docteurs peuvent avoir été formés à la recherche dans ces pays ou avoir migré après leur doctorat. La Suisse est connue pour être le pays qui accueille la proportion la plus élevée d’étudiants étrangers. Donc, elle semble former des jeunes chercheurs étrangers… et recevoir aussi des docteurs étrangers formés à l’étranger.
L’attractivité des Etats-Unis
Il peut être surprenant de ne pas voir figurer les États-Unis dans ce peloton de tête. Ce pays est pourtant connu comme un pôle d’attraction majeur de jeunes scientifiques. C’est vrai en chiffres absolus. De plus, 26% des docteurs sont nés à l’étranger et 43 % des docteurs non américains ont obtenu leur doctorat à l’étranger. Les docteurs étrangers sont donc nombreux à venir travailler aux États-Unis après avoir été formés à la recherche hors des Etats-Unis. Cette tendance est confirmée par les motifs invoqués par les docteurs étrangers concernant leur venue aux États-Unis. Les possibilités offertes par le système éducatif américain sont devenues moins déterminantes que par le passé. Les débouchés en matière d’emploi ou les opportunités économiques ainsi que les infrastructures scientifiques ou professionnelles américaines pèsent désormais plus lourd comme motifs à la migration. Bref, on vient aux Etats-Unis moins pour se former que pour y décrocher un emploi.
Rester ou rentrer au pays
La proportion de citoyens d’un pays ayant obtenu son doctorat à l’étranger varie notablement. Très faible aux États-Unis (5 %), elle atteint 10 % au Portugal et 19 % en Argentine. Les citoyens américains n’apparaissent guère mobiles et n’ont pas l’intention de l’être : seuls 5 % des jeunes docteurs américains envisagent de partir à l’étranger (contre 15 % des jeunes Canadiens et Portugais). Par contre, les docteurs étrangers au Canada et aux États-Unis sont 40 % à envisager un départ d’ici deux ans. Où ? Aux États-Unis, les destinations des titulaires de doctorat diffèrent selon qu’ils sont citoyens américains ou étrangers. Environ la moitié des citoyens américains opte pour l’Europe et 20 % pour l’Asie. Quant au choix des docteurs étrangers, il reflète dans une certaine mesure leur origine : 57 % choisissent l’Asie et 16 % l’Europe.
Source : "Les caractéristiques du marché du travail et la mobililté internationale des titulaires du doctorat : résultats pour sept pays", OCDE, février 2007.
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