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Les compétences des docteurs sont nécessaires aux entreprises

Wojciech Lewandowski - webmaster éditorial

Jeudi 13 juin 2013 s’est tenue la conférence débat organisée par l'ABG « Les docteurs : des compétences stratégiques au service des enjeux de demain ». Ce moment d’échanges entre le monde socio-économique et le monde académique a permis de mettre en avant un point central : les docteurs détiennent des compétences clés leur permettant d’exercer des responsabilités au-delà du seul domaine de la R&D. Au cours de cette matinée, trois axes ont été analysés :

  • Pourquoi embaucher un docteur, pour quelle valeur ajoutée ? Existe-il des freins ?
  • Quels sont les outils et dispositifs des universités pour l’acculturation des docteurs ?
  • Comment rapprocher les deux mondes ? (socio-économique et académique)
Les compétences transversales des docteurs


Penser que recruter des docteurs pour faire uniquement de la recherche, est une erreur. Selon Valérie Archambault, Directrice d’Altran Research, un docteur apporte bien plus à une entreprise. Il est en fait un élément stratégique central, car :
    
  • Un docteur s’autosaisit d’une question et définit les problèmes sur lesquels il va travailler, les identifie, les hiérarchise.
  • Un docteur sait prendre des décisions. La solitude relative dans son travail de recherche lui a fait développer son autonomie.
  • Un docteur contextualise. Ses choix et ses décisions s’appuient sur une recherche documentaire. Il regarde ce qui a déjà été fait, il sait utiliser ce qui existe.
  • Un docteur sait convaincre. Il ne vit pas dans sa tour d’ivoire, il a appris à communiquer ses travaux de recherche au cours de son expérience doctorale.

Ces compétences sont notamment très utiles dans deux domaines :

  • La stratégie d’innovation. Un docteur segmente, hiérarchise et choisit les éléments. La qualité de la segmentation (par client, par produit…) impacte fortement l’avancement et la gestion du projet.
  • L’entrepreneuriat. Un docteur maîtrise les qualités nécessaires à un chef d’entreprise. Il sait poser les problèmes, les choisir et convaincre.

Irina Vassileva, directrice adjointe des formations doctorales d’AgroParisTech est revenue sur le rôle des ED défini par l’arrêté du 7 août 2006.  Un accompagnement individualisé des doctorants est nécessaire pour les acculturer à des perspectives professionnelles qui dépassent le périmètre de la R&D. Les 380 doctorants de l’école doctorale Abies bénéficient d’une approche intégrée pendant leur thèse qui tient compte à la fois de leur projet de recherche, du projet personnel et des aspirations professionnelles. Ces prises en compte se traduisent par un carnet de compétences qu’alimentent les doctorants, ainsi qu’un minimum de 160 heures de formations obligatoires pour apprendre à développer et à valoriser les compétences transversales.






Un label pour les docteurs en entreprise



André Plisson, chargé de mission pour le développement du label « Recherche Ingénierie et Industrie (R2I) » au collège doctoral de Grenoble (3700 doctorants ; 900 nouveaux chaque année /  14 ED / 90 spécialités / 700 soutenances / 100 CIFRE) a témoigné des cinq parcours d’accompagnement vers l’emploi qui sont proposés aux doctorants et qui donnent droit à l’obtention d’un label.  Chaque programme s’étale sur trois ans.  Les labels sont les suivants :

  • Recherche et enseignement supérieur (240 doctorants)
  • Recherche, ingénierie et industrie (21 doctorants)
  • Conseil-expertise (10 doctorants)
  • Collectivités publiques et organisations internationales (10 doctorants)
  • Création d’entreprise (10 doctorants)

Les doctorants définissent leurs projets, rencontrent des professionnels, travaillent sur les compétences, présentent leurs projets et expérimentent deux labels la première année. Leur choix définitif se fait en deuxième année  grâce à un bilan personnel : réflexion sur leurs capacités, savoir-faire, savoir être et travail en groupes interactifs de vingt personnes. Le projet professionnel est affiné par la rencontre de personnes en poste et l’obligation de prévoir un « plan B » au cas où.


La soutenance se fait devant des représentants du monde académique et des entreprises.

Les labels sont donc conçus comme des parcours d’accompagnement vers l’emploi : denses, pratiques et ciblés. L’expérimentation sur le terrain et l’accompagnement des tuteurs est une première opportunité de créer du réseau tout en apprenant à valoriser les qualités personnelles.


Plus de docteurs dans les PME



Céline Rubio, expert réglementaire chez Ecomundo a présenté sa structure dans laquelle il y a sept docteurs de différentes disciplines sur trente salariés. Ecomundo accompagne les entreprises dans les problèmes réglementaires et l’éco-conception. La raison de cette politique de recrutement est une conviction pour le caractère multitâche des docteurs, leur technicité,  leur résistance à la pression et leur adaptabilité au monde professionnel. Un exemple qui, on le souhaite, pourrait inspirer d’autres PME.


Renforcer la dimension internationale et développer les ETI : une carte à jouer pour les SHS



L’intervention d’Alain Coste, ancien Directeur du LAAS, et Directeur scientifique de Mapping Consulting, a apporté de nouvelles pistes de réflexion sur les docteurs expatriés : sur les 70 000 docteurs en France, 42% sont étrangers. La France reçoit plus d’étudiants brésiliens que les Etats-Unis.  « Mais comment s’occupe la France de ses 20 000 ambassadeurs à l’étranger ? Quel lien gardons-nous avec eux ? » S’interroge Alain Coste. « Ces docteurs n’ont qu’une envie : montrer que le pays dans lequel ils ont été formés est un grand pays scientifique et technologique. Ces ambassadeurs sont une précieuse clé commerciale vers ces pays ». Cet axe est à optimiser, ainsi que les suivants :

  • Renforcer les liens entre le public et le privé
  • Combler le manque d’ETI en France
  • Sensibiliser les encadrants des doctorants à la culture du monde de l’entreprise en créant des séminaires adaptés.

Alain Coste
a ajouté que les docteurs en sciences humaines et sociales ont de grandes perspectives pour relever les trois grands défis que sont le vieillissement, l’énergie et les métropoles de demain. La technologie devra s’adapter au besoin de l’humain, et non l’inverse.


Grégoire Postel-Vinay ingénieur général des mines, et responsable de la mission stratégie du Ministère du redressement productif, a confirmé cette perspective ouverte aux SHS. « Les sciences humaines vont permettre de pénétrer la culture d’autres pays, les besoins locaux, et développer de nouveaux marchés à l’étranger. Il est indispensable de s’inspirer de nos voisins ; 2/3 des exportations allemandes se font hors d’Europe ». Les compétences des docteurs seront donc plus que nécessaires « aux entreprises polymorphes de demain ; elles devront collaborer davantage, et travailler en réseau avec l’ensemble de leur écosystème. Hyper connectées, elles auront besoin de compétences internationales. »

Les laboratoires français devront également davantage faire appel aux financements européens. L’Italie et l’Espagne n’ont pas de financements nationaux et n’hésitent pas à solliciter l’Europe. Grégoire Postel-Vinay confirme l’importance des ETI dans l’économie française : « il faut en développer plus en France car elles sont un enjeu majeur pour le développement de la R&D. En effet, le nombre élevé en France de microstructures de services génère un manque d’efficacité qui pourrait être résolu avec plus de collaborations. Cinquante personnes sont plus productives ensemble que séparément. En Allemagne il y a par exemple 9000 ETI contre 4500 en France. »  Pour finir, il a également mis le point sur l’importance pour les universités de structurer et de suivre les réseaux d’anciens.