Paroles de docteurs : mobilité et recherche en entreprise
Après un cursus universitaire à l'Université de Lille 1 où il s'intéresse aux aspects chimiques des macromolécules, Ludovic Marquant, spécialiste en sciences des polymères, décide de faire une thèse de doctorat en Allemagne dans le domaine de la physique des couches minces à l'état liquide, avant de poursuivre son expérience de la mobilité aux États-Unis dans le cadre d'un contrat VIE sur les matériaux conducteurs. De retour en France, un de ses objectifs actuels : construire des ponts en matière de recherche et d'innovation entre le monde de l'industrie et le monde académique.
De l’expérience académique…
C’est en 2005 que Ludovic Marquant choisit de partir en Allemagne et de faire son doctorat à l’Université de la Sarre (Universität des Saarlandes , Sarrebruck). Les raisons de ce choix : l’intérêt du sujet de recherche dans le domaine microscopique et nanoscopique, mais aussi l’environnement professionnel « agréable ». En termes de financement, son projet a pu se réaliser grâce aux Actions Marie Curie. A ce niveau, pour celles et ceux qui hésitent à se lancer dans la mobilité, notre interlocuteur conseille vivement les thèses en cotutelle car permettant à la fois d'avoir une expérience à l'étranger et à la fois de garder le contact avec le pays d'origine et donc de faciliter le retour. A ce propos, vous pouvez consulter pour plus d'informations, le site de Campus France.
Quelques mots sur cette expérience ?
« Je faisais partie d'un réseau regroupant plusieurs universités européennes et des acteurs d’une dizaine de nationalités différentes. C'était assez intéressant et enrichissant de rencontrer des personnes d'horizons variés ». En même temps, il faut savoir s’adapter et ne pas avoir peur du changement. Conseil également valable en France, lorsque l’on est amené par exemple, à changer de région.
Ensuite, l’objectif de Ludovic de travailler en entreprise va le conduire aux États-Unis.
A l’expérience en entreprise
Estimant avoir acquis une bonne expérience universitaire et ne souhaitant pas s'y engager à long terme, Ludovic va chercher un postdoc en entreprise, mais sans succès. Des échanges avec différentes personnes, vont l'amener ensuite, à s'intéresser au VIE (Volontariat International en Entreprise), formule qu'il ne connaissait pas du tout, ce qui est le cas, selon lui, de beaucoup de doctorants et de chercheurs.
Après consultation des offres publiées sur le site Ubifrance, il va finalement, envoyer une candidature spontanée à Rhodia (groupe Solvay) et décider de partir pour les USA. Il rejoindra ainsi en 2011 et durant un an, l'équipe de COMPASS (Complex Assemblies of Soft Matter), un laboratoire mixte de recherche sur la matière molle, situé à Bristol (Pennsylvanie), associant le CNRS, l'Université de Pennsylvanie (UPENN) et Rhodia.
« Tout s'est déroulé très simplement. J'ai discuté avec le directeur du laboratoire qui m'a présenté les thèmes intéressant le groupe et pour que nous puissions trouver un sujet de recherche commun. Ayant précisé dans ma candidature que je souhaitais un contrat VIE, Rhodia s'est donc, rapproché d'Ubifrance pour mettre en place le dispositif ». Si l'entreprise connaissait déjà cette formule, ce n'était pas le cas de son laboratoire d'accueil où Ludovic a été le premier à bénéficier de ce statut.
Quelques mots sur votre activité sur place ?
« De la recherche à 100 % à l'interface de la physique et de la chimie, dans le domaine des polymères conducteurs et au sein de l'équipe « Organic electronics » constituée de cinq personnes travaillant sur la conductivité électrique des fins films polymères. C'est un laboratoire dynamique avec des objectifs précis et accordant par rapport à d'autres structures, une part plus importante au domaine développement et appliqué. Et puis, il y avait les conférences du Président de la société ». Assister à ce type de présentations essentiellement « chiffrées », était une nouveauté pour Ludovic. Par rapport à l'Allemagne par exemple, où il se sentait relativement libre de conduire son projet de recherche, ici, il lui fallait se focaliser sur l'atteinte d'objectifs, les résultats, la productivité. En d'autres termes, « il ne s'agissait pas de faire de la recherche pour le plaisir de savoir. Il y avait des objectifs et des retombées économiques dont il fallait tenir compte. Ce n'était pas évident de mon point de vue à mettre en place. Au niveau académique, on se limite beaucoup moins, ici, il faut être plus concret et se centrer sur ce qui peut intéresser l'entreprise à long terme ».
En même temps, Ludovic souligne l'importance de combiner ces deux types de discours - la recherche à l'université et la recherche en entreprise - et de travailler l'inertie entre ces deux mondes en se centrant sur les différents liens possibles. La structure mixte de son laboratoire d'accueil travaillant en association avec le CNRS et l'UPENN, s'inscrit d'ailleurs dans cette perspective.
Le retour en France
Bien que cela n'ait pas posé à Ludovic de problème particulier, sa mobilité ne lui a pas permis de construire véritablement un réseau, tâche à laquelle il se consacre actuellement. « C'est un des inconvénients de partir à l'étranger et c'est un des avantages que peut représenter une thèse en cotutelle. Mon laboratoire d'accueil en Allemagne par exemple, n'avait pas de collaboration(s) avec la France. A mon retour, j'ai dû m'y mettre activement. Réfléchir à mon projet professionnel et d'avenir ».
Et si c'était à refaire ?
« Oui, tout de suite. Peut-être un peu différemment, mais je le referais volontiers ».
Quels conseils en termes de mobilité internationale, pourriez-vous donner à un doctorant, un jeune chercheur ?
Tout d'abord, Ludovic souhaite faire passer « un message » : « Pendant mon Master de chimie à Lille, j'ai décidé de partir pour un stage de 3 mois en Irlande dans le cadre du programme Léonard de Vinci. En d'autres termes, les dispositifs de financement existent, il faut juste savoir chercher, s'informer. Pour celui qui veut vraiment partir, il n'y a pas trop de souci à se faire pour réaliser ce projet, tout dépend des objectifs que l'on se fixe. Il faut une certaine volonté et une certaine persévérance. En ce qui me concerne, j'ai envoyé environ une trentaine de CV et j'ai reçu une seule réponse positive ».
Ensuite, voici ses autres conseils :
A la question : Est-ce que partir à l'étranger ouvre selon vous, des portes pour faire de la recherche en entreprise ?
Ludovic répond : « Il faut le faire intelligemment, bien penser ce type d'expérience car cela peut notamment, intéresser une PME qui veut se développer à l'international ». Pour sa part, il y voit beaucoup d'avantages. A suivre donc...
Ces propos ont été recueillis suite à la participation de Ludovic au séminaire européen "Encourager la créativité et l'innovation par la mobilité des chercheurs : stratégies et bonnes pratiques", qui s'est déroulé les 3 et 4 juin 2013 à Paris.
C’est en 2005 que Ludovic Marquant choisit de partir en Allemagne et de faire son doctorat à l’Université de la Sarre (Universität des Saarlandes , Sarrebruck). Les raisons de ce choix : l’intérêt du sujet de recherche dans le domaine microscopique et nanoscopique, mais aussi l’environnement professionnel « agréable ». En termes de financement, son projet a pu se réaliser grâce aux Actions Marie Curie. A ce niveau, pour celles et ceux qui hésitent à se lancer dans la mobilité, notre interlocuteur conseille vivement les thèses en cotutelle car permettant à la fois d'avoir une expérience à l'étranger et à la fois de garder le contact avec le pays d'origine et donc de faciliter le retour. A ce propos, vous pouvez consulter pour plus d'informations, le site de Campus France.
Quelques mots sur cette expérience ?
« Je faisais partie d'un réseau regroupant plusieurs universités européennes et des acteurs d’une dizaine de nationalités différentes. C'était assez intéressant et enrichissant de rencontrer des personnes d'horizons variés ». En même temps, il faut savoir s’adapter et ne pas avoir peur du changement. Conseil également valable en France, lorsque l’on est amené par exemple, à changer de région.
Ensuite, l’objectif de Ludovic de travailler en entreprise va le conduire aux États-Unis.
A l’expérience en entreprise
Estimant avoir acquis une bonne expérience universitaire et ne souhaitant pas s'y engager à long terme, Ludovic va chercher un postdoc en entreprise, mais sans succès. Des échanges avec différentes personnes, vont l'amener ensuite, à s'intéresser au VIE (Volontariat International en Entreprise), formule qu'il ne connaissait pas du tout, ce qui est le cas, selon lui, de beaucoup de doctorants et de chercheurs.
Après consultation des offres publiées sur le site Ubifrance, il va finalement, envoyer une candidature spontanée à Rhodia (groupe Solvay) et décider de partir pour les USA. Il rejoindra ainsi en 2011 et durant un an, l'équipe de COMPASS (Complex Assemblies of Soft Matter), un laboratoire mixte de recherche sur la matière molle, situé à Bristol (Pennsylvanie), associant le CNRS, l'Université de Pennsylvanie (UPENN) et Rhodia.
« Tout s'est déroulé très simplement. J'ai discuté avec le directeur du laboratoire qui m'a présenté les thèmes intéressant le groupe et pour que nous puissions trouver un sujet de recherche commun. Ayant précisé dans ma candidature que je souhaitais un contrat VIE, Rhodia s'est donc, rapproché d'Ubifrance pour mettre en place le dispositif ». Si l'entreprise connaissait déjà cette formule, ce n'était pas le cas de son laboratoire d'accueil où Ludovic a été le premier à bénéficier de ce statut.
Quelques mots sur votre activité sur place ?
« De la recherche à 100 % à l'interface de la physique et de la chimie, dans le domaine des polymères conducteurs et au sein de l'équipe « Organic electronics » constituée de cinq personnes travaillant sur la conductivité électrique des fins films polymères. C'est un laboratoire dynamique avec des objectifs précis et accordant par rapport à d'autres structures, une part plus importante au domaine développement et appliqué. Et puis, il y avait les conférences du Président de la société ». Assister à ce type de présentations essentiellement « chiffrées », était une nouveauté pour Ludovic. Par rapport à l'Allemagne par exemple, où il se sentait relativement libre de conduire son projet de recherche, ici, il lui fallait se focaliser sur l'atteinte d'objectifs, les résultats, la productivité. En d'autres termes, « il ne s'agissait pas de faire de la recherche pour le plaisir de savoir. Il y avait des objectifs et des retombées économiques dont il fallait tenir compte. Ce n'était pas évident de mon point de vue à mettre en place. Au niveau académique, on se limite beaucoup moins, ici, il faut être plus concret et se centrer sur ce qui peut intéresser l'entreprise à long terme ».
En même temps, Ludovic souligne l'importance de combiner ces deux types de discours - la recherche à l'université et la recherche en entreprise - et de travailler l'inertie entre ces deux mondes en se centrant sur les différents liens possibles. La structure mixte de son laboratoire d'accueil travaillant en association avec le CNRS et l'UPENN, s'inscrit d'ailleurs dans cette perspective.
Le retour en France
Bien que cela n'ait pas posé à Ludovic de problème particulier, sa mobilité ne lui a pas permis de construire véritablement un réseau, tâche à laquelle il se consacre actuellement. « C'est un des inconvénients de partir à l'étranger et c'est un des avantages que peut représenter une thèse en cotutelle. Mon laboratoire d'accueil en Allemagne par exemple, n'avait pas de collaboration(s) avec la France. A mon retour, j'ai dû m'y mettre activement. Réfléchir à mon projet professionnel et d'avenir ».
Et si c'était à refaire ?
« Oui, tout de suite. Peut-être un peu différemment, mais je le referais volontiers ».
Quels conseils en termes de mobilité internationale, pourriez-vous donner à un doctorant, un jeune chercheur ?
Tout d'abord, Ludovic souhaite faire passer « un message » : « Pendant mon Master de chimie à Lille, j'ai décidé de partir pour un stage de 3 mois en Irlande dans le cadre du programme Léonard de Vinci. En d'autres termes, les dispositifs de financement existent, il faut juste savoir chercher, s'informer. Pour celui qui veut vraiment partir, il n'y a pas trop de souci à se faire pour réaliser ce projet, tout dépend des objectifs que l'on se fixe. Il faut une certaine volonté et une certaine persévérance. En ce qui me concerne, j'ai envoyé environ une trentaine de CV et j'ai reçu une seule réponse positive ».
Ensuite, voici ses autres conseils :
- Construire et cultiver son réseau professionnel et personnel ;
- S'informer au préalable sur la culture du pays d'accueil pour éviter ou tout au moins, limiter les chocs culturels ;
- Savoir être ouvert aux nouveaux arrivants. Les problèmes liés à l'arrivée dans un pays étranger par exemple et la façon de les résoudre peuvent être utiles à d'autres et faciliter leur séjour ;
- Le plus difficile est d'établir un lien social avec les résidents. Mais lorsqu'on y arrive, c'est très enrichissant ;
- Bien préparer son départ, séjour et retour en se renseignant au niveau administratif, à savoir les impôts, la sécurité sociale, etc. Ne pas hésiter à s'informer.
A la question : Est-ce que partir à l'étranger ouvre selon vous, des portes pour faire de la recherche en entreprise ?
Ludovic répond : « Il faut le faire intelligemment, bien penser ce type d'expérience car cela peut notamment, intéresser une PME qui veut se développer à l'international ». Pour sa part, il y voit beaucoup d'avantages. A suivre donc...
Ces propos ont été recueillis suite à la participation de Ludovic au séminaire européen "Encourager la créativité et l'innovation par la mobilité des chercheurs : stratégies et bonnes pratiques", qui s'est déroulé les 3 et 4 juin 2013 à Paris.
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