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Réalisez ou créez votre propre recette professionnelle !

Bérénice Kimpe - chargée de coopération avec l'espace germanophone ABG-UFA

Comme beaucoup de personnes, à en croire le succès des émissions culinaires et le développement du rayon «livres de cuisine», je me suis mise à aimer cuisiner il y a quelques années. Avec une prédilection toute particulière pour les desserts !

Et c’est en réalisant un gâteau aux pommes que j’ai fait le rapprochement entre l’évolution professionnelle et la cuisine. Mettez votre tablier, on va commencer !

Choisissez votre recette (ou inventez la !)
Vous avez invité des amis à dîner mais vous ne savez pas quoi leur préparer. Votre premier réflexe va être de regarder dans vos livres de cuisine : votre choix va se faire en fonction de vos envies (plutôt salé ou sucré ? terre-mer ou viande uniquement ?), des ingrédients dont vous disposez dans vos placards et votre frigo (quitte à aller faire quelques courses pour vous procurer ce dont vous avez besoin) et certainement aussi en fonction de la photo illustrant la recette (vous vous imaginez déjà manger ce délicieux fondant au chocolat représenté dans votre livre).

Avant de vous engager dans une nouvelle étape professionnelle, regardez ce que le marché de l’emploi peut vous offrir et confrontez ces opportunités avec votre profil : de quoi avez-vous envie ? De quels savoirs (savoir, savoir-faire, savoir-être et potentiel de développement) disposez-vous ? Et enfin : vous imaginez-vous occupant le poste ciblé ?

Parfois, les livres de cuisine ne nous inspirent pas. Dans ces cas-là, la meilleure solution est d’improviser, de créer sa propre recette. Cela demande forcément plus de créativité, plus d’inventivité, de courage : le résultat est toujours surprenant et correspondant à ce qu’on a envie de manger.

Dans le cadre professionnel, vous avez aussi cette possibilité de créer votre poste : c’est le principe de la candidature spontanée. Et c’est ce qu’a fait un docteur en histoire, recruté par le Spiegel (grand hebdomadaire allemand). Alors pigiste, il est allé voir les responsables du magazine pour leur signaler que ce dernier ne disposait pas d’un responsable des contacts avec les archives étrangères et que cela représentait un grave manque. Il leur avait suggéré de créer ce poste, qui n’existait pas encore, et pour lequel il était idéalement qualifié, suite à ses nombreux contacts avec les archives anglaises, allemandes et russes notamment pendant son doctorat. Il a été recruté pour ce poste et est devenu par la suite responsable du secteur «histoire».

Sélectionez les ingrédients et préparez-les !
Imaginons que vous avez décidé de faire des lasagnes pour vos amis. Vous allez avoir besoin de viande hachée, oignons, carottes, tomates, lait, muscade, farine, beurre ... et non pas de thon, épinards, pommes de terre, curry, bananes ...

Bref, ce n’est pas parce que vous disposez de plein d’ingrédients chez vous que vous devez tous les intégrer à la recette ! Vous allez sélectionner uniquement ceux dont vous avez besoin, ceux utiles pour la réalisation du plat.

Et une fois les ingrédients sélectionnés, il faut les préparer. Vous allez donc, par exemple, éplucher les carottes et les couper en dés pour cette recette. Dans une autre, on vous demandera de les découper en rondelles, en bâtonnets, de les râper ... Un seul et même ingrédient et pourtant, différentes manières de le préparer.

Tout comme pour vos ingrédients, vous allez devoir sélectionner les éléments de votre parcours que vous voulez mettre en avant tout au long du processus de recrutement, en fonction du poste que vous ciblez. Pas la peine par exemple de tout indiquer sur votre CV : vous n’aurez pas la place (on reste sur une page !) et vous risquez d’ennuyer le recruteur.

Une même expérience peut être valorisée différemment selon vos objectifs professionnels : dans certains cas, il sera plus intéressant de mettre en avant vos résultats scientifiques; dans d’autres, votre capacité à communiquer ou à développer un réseau, des collaborations sera plus pertinente.

Attention au temps de cuisson !
Celles et ceux qui savent faire des canelés savent à quel point la phase de cuisson est délicate : si le temps de cuisson n’est pas respecté, vous obtiendrez des canelés pas suffisamment craquants ou bien au contraire cramés !

De la même façon, faites attention au temps que vous restez sur un même poste : suffisamment longtemps pour ne pas donner l’impression que vous papillonnez (caractère instable, peu fiable...) et tirer profit de cette expérience en termes de savoirs; pas trop longtemps non plus pour ne pas montrer que vous vous contentez de votre zone de confort (évitez le côté pantouflard !).

On considère qu’une étape de carrière dure entre 3 et 5 ans. Attention cependant à ne pas généraliser car tout dépend de votre situation et de votre comportement : ce qui importe, finalement, est votre volonté de progresser et la manière dont vous vous y prenez pour faire évoluer votre fiche de poste. On peut en effet garder le même intitulé de poste et développer son domaine de responsabilités.

Votre évolution, de commis à chef de cuisine
Dans le monde professionnel de la cuisine, on commence généralement comme commis (poste opérationnel) et on évolue vers les postes de chef de partie, second de cuisine (gestion d’équipe) et enfin chef de cuisine (gestion d’équipe et définition de la carte, entre autres). Certains ouvrent ensuite leur propre restaurant.

De la même manière, vous évoluerez en développant dans un premier temps des compétences opérationnelles (sur un poste ingénieur R&D ou chargé(e) de mission par exemple), puis des compétences managériales (responsable d’équipe ou responsable de département) et enfin des compétences stratégiques (poste de directeur scientifique ou secrétaire général). La voie de la création d’entreprise vous est également ouverte !

Dans la cuisine comme dans la vie professionnelle, il est important de rester authentique et de faire transparaitre votre passion pour ce que vous faites. N’ayez pas peur de parler de vos envies : répondre aux besoins des recruteurs, c’est bien mais sans envies, c’est comme un plat sans sel ni poivre...simplement fade.

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