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5 astuces pour assurer son pitch

Ludovic Fery

conseils pitch
Du programme de conférences mondial TED au concours australien "Three minute thesis", depuis décliné dans d’autres pays comme le Canada et la France avec «Ma thèse en 180 secondes», les opportunités de pitchs avec un contenu scientifique se multiplient.

Si pitcher est loin d’être une science exacte, voici 5 astuces qui fonctionneront quel que soit le type d’audience qui vous écoute.

   © Florian Pircher - Pixabay

  • Ce n’est qu’une histoire d’idées !

Ne vous fiez pas à moi là-dessus, mais à Chris Anderson, le programmateur des célèbres conférences TED. Tous les grands speechs ont une chose en commun selon lui : ils réussissent à imprimer des idées dans l'esprit d’une foule d’auditeurs. Pour y parvenir, les orateurs vont directement à l’essentiel, en se limitant à quelques grandes idées, voire une seule. « Choisissez une idée et faites-en le fil rouge de votre discours afin que tout ce que vous dites s’y rattache d’une façon ou d’une autre », conseille le responsable de TED. Ce n’est pas forcément évident pour des chercheurs, dont le cursus ou le sujet de recherche est rarement circonscrit à une seule idée. A titre d'exemple, regardez ce pitch d’une docteure et entrepreneuse française, Pauline Eveno :


Pourquoi a-t-elle remporté ce concours de pitch parmi 10 finalistes ? Parce qu'elle est parvenue à rendre son travail de scientifique tangible, à la fois au regard de son histoire personnelle (elle est passionnée de musique depuis l’enfance) et d’un contexte beaucoup plus étendu que ses recherches, qui est celui de l’industrie musicale confrontée au nouveau marché de la personnalisation. Or, elle aurait très bien pu se perdre en détails techniques sur l'aéroacoustique, sa discipline de recherche qui est trop confidentielle pour son public. A la place, elle déroule le fil de son idée principale et retient l’attention de l'audience. 


  • Essayez l'empathie

« Les intervenants oublient souvent que les termes ou concepts avec lesquels ils sont familiers sont totalement inconnus de leur audience », nous dit encore Chris Anderson. Quel que soit votre sujet de travail, l’histoire, l’économie ou la théorie des cordes, vous serez toujours plus qualifié que vos auditeurs dans le cadre d’un pitch. Alors rendez votre discours le plus accessible possible : vous pouvez commencer avec des concepts dont le public est sûrement familier (par exemple, des enjeux de société ou environnementaux), et les relier habilement à vos recherches de laboratoire. Rappelez-vous que la métaphore est une arme très efficace à l’oral lorsqu’elle est employée à bon escient. Une oratrice TED a par exemple réussi à illustrer la fonction complexe de la protéine CRISPR en la comparant à un logiciel de traitement de texte pour l'ADN. Les images fonctionnent généralement bien dans l'esprit des gens, parce qu’elles les aident à bâtir leur compréhension d’un sujet, avec leurs propres éléments de langage et représentations.
Si vous pensez que votre travail n’est pas adapté à l’usage de métaphores, essayez plutôt de recourir à une narration empathique. C’est ce que recommande The Undercover recruiter : à travers le prisme de l'empathie, « vous pouvez créer un lien affectif avec votre discours et ce que vous dites aura beaucoup plus de résonance et d'influence ». Y a-t-il quelque chose dans votre parcours ou expérience (une anecdote, une citation célèbre qui vous tient à cœur...) auquel vous pensez que la majorité des gens peut s’identifier ? Si oui, tentez de l’inclure dans votre pitch.


  • Répétez, répétez, répétez...

Prendre la parole devant une foule anonyme est assez stressant pour ne pas avoir en plus à trébucher sur son speech. Là encore, pas de mystère pour s’en prémunir : vous devrez répéter... et beaucoup ! Il y a pas que les mots que vous utilisez, il y a aussi la façon de les prononcer : le volume de votre voix, le ton et le tempo jouent autant sur l’engagement de votre audience que la construction du discours lui-même. Mais attention à ne pas tomber dans le piège du par cœur à force de répéter. Vous n'êtes pas acteur professionnel et n’importe quel auditeur attentif repérera une formule ou une intonation forcée. Pour éviter de sonner comme un disque rayé, faites vos répétitions devant un maximum de personnes et demandez-leur un avis honnête ensuite : un mot ou une phrase trop alambiqués les ont-ils fait tiquer ? Quelque chose dans votre attitude nuit-il à la compréhension générale du discours ?

Le texte de votre pitch peut être peaufiné en plusieurs phases, mais ne tombez pas dans l’obsession pour autant. D’abord parce que les mots préparés ne seront pas forcément ceux que vous prononcerez le jour J… et c’est très bien comme ça !

  • Sortez du lot

Plus que quelques semaines avant le grand jour, on vous envoie le timing de la journée et votre invitation personnelle. A ce stade, vous savez sans doute quel message essentiel vous voulez mettre sur la place publique. Plus le choix, il va falloir impressionner sur scène ! La construction du pitch et sa préparation seront décisives. Mais les orateurs qui savent se rendre mémorables ont une autre arme en poche : la communication non-verbale. Dans votre pitch, qui est une courte allocution sans support de présentation, le langage non-verbal peut revêtir au moins deux formes : des pauses aménagées au cœur de votre speech, et des gestes ou déplacements sur la scène. Un silence de quelques secondes à un moment clé, par exemple, peut indiquer au public que vous allez délivrer un point majeur de votre discours. Normalement, ce genre de calcul est plutôt l’apanage des professionnels du théâtre ou d'entrepreneurs qui déclinent leur pitch pour la xième fois. Mais rien n’empêche de s’y entraîner depuis chez soi ! Cherchez des photos ou des vidéos de la salle du concours sur internet puis fermez les yeux et tentez de vous y projeter : imaginez-vous parlant à l’assistance, le sourire aux lèvres, en train de vous déplacer, visualisez des visages qui acquiescent en réponse à ce que vous dites… Jusqu’ici tout va comme sur des roulettes, non ?

Le plus important est que cette communication non-verbale reste naturelle. Chez l’humain, les mains, en particulier, accompagnent spontanément la parole. Vous ne voulez pas chorégraphier votre gestuelle au point que cette dernière paraisse galvaudée. A l’inverse, rodez-la un minimum pour bannir tous signes de fermeture ou de nervosité (croisement des bras, sautillement, clignement d’yeux intempestif…) de la scène.


  • Faites avec votre stress

On ne va pas se mentir : vous expérimenterez sans doute du stress ou de l’anxiété. Peut-être même quelques jours en amont du véritable pitch. C’est une réaction naturelle des humains confrontés à une situation jamais rencontrée auparavant. Les concours de pitchs ne sont certes pas le milieu habituel des chercheurs. Mais, en tant que doctorant ou docteur accompli, vous avez normalement acquis les us et coutumes de la prise de parole en public. Un peu de temps libre avant d’entrer en scène ? Profitez-en pour faire un peu de gymnastique faciale (cf. ce tutoriel WikiHow et en particulier la méthode n°3) pour améliorer votre diction ou une séance de respiration abdominale pour garder votre rythme cardiaque et anxiété à un degré supportable.
Vous y êtes : c’est votre tour et vous sentez un rush d’adrénaline vous envahir. Histoire de le canaliser, répétez-vous que vous êtes à la hauteur du défi et que vous avez tout en main pour diffuser ce message qui compte tellement pour vous. Et si, par malchance, vous bégayez en milieu de phrase ou vous expérimentez un soudain trou de mémoire, essayez de ne pas paniquer mais d'en profiter pour recourir à l'une de ces pauses stratégiques : même quelques secondes devraient suffire à retrouver vos esprits et reprendre avec vos pleines capacités respiratoires. L’erreur serait de foncer tête baissée pour vite faire oublier ce malheureux accroc : il y a de fortes chances que vous commettiez un nouvel impair, et le public pourrait bien s'en rendre compte.


Suivez ce lien pour connaître les règles du concours de pitch de l'ABG : http://intelliagence.fr/Page/DocteurAndCo/Article.aspx?ArticleId=1613