Où docteurs et entreprises se rencontrent
Menu
Connexion

Vous avez déjà un compte ?

Nouvel utilisateur ?

Chef d?études biologiques

E. Jardin

Les six derniers mois de la thèse, Philippe Halbout s’est partagé entre son labo d’immunologie à l’INSERM et le groupe pharmaceutique Servier à l’occasion d’un stage, tremplin à sa carrière.

La fin de la thèse approche, Philippe Halbout entame sa 4e année. Il souhaite abandonner les pipettes et ne veut de toute façon pas partir en post-doc à l’étranger en laissant sa famille derrière lui, « sans assurance d’emploi au retour ». Que faire ? Philippe est tenté par l’industrie pharmaceutique, mais davantage du côté « Développement » que « Recherche ». Comment pousser la porte d’une entreprise ? Philippe contacte Servier et début 2002, il entre en stage dans une division en charge du développement de médicaments. A la fin de son stage et un mois avant sa soutenance, Servier lui propose un CDD, qui sera rapidement convertit en CDI. Son poste ? Chef d’études biologiques.

Déroulement d’une étude
Tout d’abord, le Développement, c’est quoi ? Alors que la Recherche a pour objectif de trouver une molécule capable de moduler une cible pharmacologique, le Développement a pour objectif de transformer cette molécule en médicament. Pour cela, la mise en place de nombreuses études sont nécessaires.
Dans ce contexte, un chef d’études biologiques s’occupe principalement des études qui ne sont pas cliniques. « Ce sont des études de pharmacologie, de toxicologie, de pharmacocinétique qui nous permettent de valider la sécurité de nos médicaments », précise Philippe, « mais également qui sont nécessaires pour supporter leur caractère innovant à travers l’identification de toutes leurs propriétés ». Ces études constituent également une bonne part du dossier de mise sur le marché. Comment se déroule une étude ? Au début, un travail de fond est nécessaire pour identifier les axes de recherches à suivre. Viennent ensuite le contact direct avec les responsables des laboratoires les plus en pointes dans un domaine, pour discuter du design expérimental proprement dit. Ces collaborations sont encadrées par des contrats stricts que chaque université négocie : les aspects budgétaires et juridiques sont donc omniprésents. En cours d’étude, l’analyse des résultats et de nombreuses discussions avec les experts permettent de définir un message, lequel sera relayée dans une dernière phase de communication, sous forme d’abstracts dans les congrès médicaux et scientifiques, ou d’articles. Tout au long de l’étude, les notions de coût, délai et qualité sont incontournables.

Lors de son entrée chez Servier, Philippe a eu en charge des études de pharmacologie en diabétologie. Depuis deux ans, il suit le développement d’un médicament traitant l’ostéoporose. Il gère onze études de pharmacologie à travers le monde. Sa langue de travail est bien évidemment l’anglais et Philippe regrette que l’université ne l’y ait pas assez préparé. En revanche, son doctorat en biologie a été un atout capital. « Il n’y a pas de formation à ce métier et la thèse est une très bonne école car la démarche du thésard et celle du chef d’études biologiques sont identiques . Lorsque l’on veut trouver le mécanisme d’action d’un médicament ou d’autres propriétés, on élabore une problématique, on cherche un modèle et un design adéquats, on analyse des résultats, et le travail s’effectue toujours en équipe ».

Des contacts de haut niveau
Philippe travaille avec des experts scientifiques de renommée internationale sollicités pour tester le produit et il considère que « c’est très gratifiant d’accéder à un niveau de discussion aussi élevé juste à la sortie de la thèse ». Il centralise l’information émanant de ces experts, ce qui peut représenter une somme de données considérable qu’il faut savoir hiérarchiser, synthétiser et présenter, la communication s’inscrivant toujours dans une démarche stratégique à laquelle il faut veiller en permanence.

Homme orchestre, le chef d’études biologiques est un chef de projet et si la thèse prépare bien aux responsabilités correspondantes, il n’en demeure pas moins que les qualités relationnelles comptent beaucoup lors du recrutement. Pour qui veut embrasser une carrière dans l’industrie pharmaceutique après plusieurs années passées dans un laboratoire académique prévient Philippe, l’adaptation à la culture d’entreprise et l’ouverture d’esprit vers un monde à découvrir sont indispensables.

Lire : "Servier, les secrets d'un succès français", L'usine nouvelle n°3021, 7 septembre 2006.
"Servier renforce sa recherche", L'usine nouvelle n°3042, 8 février 2007.