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Régis Quélavoine, Directeur des Opérations à l’Office Européen des Brevets, deuxième institution européenne et employeur majeur de docteurs

À l’occasion de sa participation à l'édition 2018 des Postdoctoriales Transfrontalières en décembre dernier, Régis Quélavoine, docteur en informatique et Directeur des Opérations Mobilité & Mécatronique à l’Office Européen des Brevets (OEB) a répondu à nos questions. Au cours cet entretien, il a notamment présenté les opportunités au sein de sa structure et conseillé des docteurs désireux de poursuivre une carrière en dehors de la recherche publique. 

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Propos recueillis pas Melike Riollet - Responsable Formation et Coopération Internationale à l'ABG

Cette année, vous participez aux Postdoctoriales Transfrontalières pour la troisième fois. Quel est l’intérêt de cet événement pour votre structure et pour les docteurs qui y participent ?

Tout d’abord, l’Office Européen des Brevets est la seconde plus grande institution européenne après la Commission mais il n’est pas connu. Nous sommes à la recherche de collaborateurs pour venir renforcer nos rangs. Il existe d’autres opportunités que les secteurs académique et socio-économique ; travailler dans le service public est également une option et nous offrons des postes auxquels on ne pense pas forcément lorsqu’on est en recherche d’emploi. L’OEB recrute tous les ans. Le public des Postdoctoriales correspond à ce que nous recherchons, c’est-à-dire des docteurs qui sont naturellement mobiles et ouverts à l’expatriation. Une grande majorité des participants de cet événement à Luxembourg sont eux-mêmes des expatriés. Ce sont des gens ouverts, qui bougent et qui ont le bon niveau de diplôme, qui ne viendront peut-être pas nécessairement travailler avec nous mais qui peuvent passer le message dans leur milieu, tous domaines technologiques et scientifiques confondus. C’est ce que l’OEB les encourage à faire.

Je constate en effet que les jeunes chercheurs ne connaissent pas le monde des brevets. Le monde de la recherche ne peut pas se déconnecter de la propriété industrielle. On devrait connecter les petites entreprises et les laboratoires de recherche pour qu’ils travaillent ensemble. Il faut poursuivre l’effort.

 

Par ailleurs, il est important pour nous de connaître l’état du « marché du travail ». Si on reste passif dans notre tour d’ivoire, on ne sait pas ce qui se passe dehors. Comment adresser le bon message aux bonnes personnes sous la bonne forme ?  Comment faut-il communiquer avec un candidat en 2018 comparé à un candidat en l’an 2000 ? Il faut savoir qui fait quoi, il faut rester informé. Pour cela, il est aussi intéressant de pouvoir échanger avec des professionnels venant d’autres secteurs. Des événements comme les Postdoctoriales Transfrontalières présentent donc le double intérêt de nous mettre en contact avec des docteurs et avec des professionnels qui visent le même public que nous, mais qui ont des contraintes différentes et recherchent d’autres choses. Une PME et une institution européenne ne cherchent pas les mêmes qualités chez les docteurs. Lors de l’événement, on offre aussi aux participants la possibilité de réfléchir à ce qu’ils préfèrent : par exemple, du court terme et de la créativité ou du long terme et de la stabilité.

Du côté des participants, on voit des personnes proactives et motivées. Plusieurs participants ont fait, je pense, un post-doctorat après leur thèse parce que cela les intéressait mais ils ont compris qu’il y avait un terme et qu’il fallait changer. Ils profitent pleinement de l’atelier, on le voit dans la précision des questions, dans les demandes de contact… il y a déjà une personne qui m’a donné son CV à relire ! Nous créons un phénomène d’osmose entre les participants actifs et ceux qui sont relativement en retrait. Ces derniers prennent conscience que le marché du travail est une compétition et ils sont encouragés à adopter les bons réflexes, à être dynamiques. La mission est remplie de ce côté-là.   

 

Vous êtes vous-même docteur et directeur des opérations à l’Office Européen des Brevets. En quoi le doctorat est-il une plus-value pour entrer et évoluer au sein de l’OEB ?

Le doctorat m’a permis de faire une carrière assez rapide au sein de l’Office, puisque je suis devenu directeur en 12 ans. C’est parce que j’y suis arrivé en maîtrisant mon domaine, avec une capacité à communiquer et à enseigner. Ce qui est très important de savoir quand on rejoint un groupe, c’est qu’on n’est pas un îlot isolé. On doit communiquer avec ses collègues, apprendre d’eux et leur apprendre des choses. L’avantage de la recherche et de son organisation en équipe, c’est qu’on sait déjà faire cela. Apprendre ensemble, enseigner des choses complexes de façon simple, sont des choses que je savais faire. De plus, quand on travaille dans son propre domaine, on est habitué à chercher de l’information. On comprend plus vite. J’étais efficace tout de suite. Cela m’a donné un avantage par rapport à quelqu’un qui doit encore apprendre. 

On peut recruter quelqu’un qui sait apprendre, qui a un master par exemple, mais qui n’a pas fait de thèse, donc qui n’a jamais cherché par lui-même. Cette personne devrait encore apprendre à maîtriser cette phase-là alors que le docteur est déjà autonome. On lui dit ce qu’il faut obtenir et normalement il va y arriver tout seul. Il y a beaucoup moins besoin de le guider et il va très rapidement apporter de nouvelles idées ; le diplômé de master aura besoin de quelques années avant de commencer lui-même à apporter de nouvelles idées.

 

Quels conseils donneriez-vous à des doctorants et des docteurs ?

Il y a une valeur ajoutée à recruter un docteur, mais pas un docteur qui s’est enfermé pendant des années à faire toujours plus de la même chose. C’est le conseil que je donnerais aux doctorants et docteurs. Par exemple, quand on fait trois post-doctorats sur le même sujet, on devient spécialiste d’une petite niche mais il n’y a pas de véritable valeur ajoutée, sauf pour quelqu’un qui a besoin de cette hyper-spécialisation. Et la probabilité de trouver cet employeur est minime !

 
Quelques conseils aux docteurs :
  • sortir de leur zone de confort
     
  • se montrer curieux
     
  • continuer à aimer apprendre ;
     
  • considérer le doctorat comme une étape et non une finalité.
    Une étape non pour devenir le spécialiste d’un domaine très précis mais pour être capable d’apprendre plus, de comprendre plus et de l’expliquer aux autres. 

Régis Quélavoine est lui-même docteur en informatique et Directeur des Opérations Mobilité & Mécatronique à l’Office Européen des Brevets (OEB) -  La Haye.

 

L’OEB a pour activité principale l'examen de demandes de brevets et la délivrance de brevets européens. C’est la deuxième plus grande organisation intergouvernementale en Europe, qui emploie actuellement près de 4400 examinateurs de brevets de 38 nationalités différentes, autour de 80% ont un doctorat.