De la Hongrie aux Pays-Bas
Evelyne Jardin
Après un cursus universitaire en Hongrie, Peter Horvatovich a passé son doctorat de chimie en co-tutelle à l’université Louis Pasteur de Strasbourg. Il est actuellement en post-doctorat aux Pays-Bas.1/ Pouvez-vous me décrire votre parcours ?
J’ai passé cinq ans d’études universitaires en Hongrie et à leur issue (il n’y a pas de niveaux intermédiaires du type Licence, Master), j’ai obtenu un diplôme en chimie analytique de l’environnement. Ensuite, grâce à une bourse de gouvernement français, je suis parti en France où j’ai obtenu un DEA de chimie-physique. Dans mon enfance passée en Algérie, j’avais appris le français. Il fallait juste que je le réactive. Après le DEA, j’ai constitué un dossier pour faire une thèse en co-tutelle moitié en Hongrie, moitié en France.
2/ Vous avez obtenu une bourse doctorale ?
Oui, j’avais une bourse en Hongrie et une bourse en France. Pour une thèse en co-tutelle, c’est obligatoire. J’ai passé un an en Hongrie et près de trois ans en France. Je suis resté peu de temps en Hongrie parce que mon labo d’accueil n’avait pas tout le matériel adéquat pour effectuer mes manipes. Quand on fait une thèse en co-tutelle dans des labos qui ont déjà noué des collaborations ou qui ont des programmes communs en cours, c’est beaucoup plus facile. Ce n’était pas mon cas, puisque c’est moi qui est trouvé mon labo d’accueil en Hongrie.
3/ Après votre doctorat, qu’avez-vous fait ?
Je n’étais pas seul à décider de mon avenir. J’étais marié et j’avais une petite fille. Ma femme était restée en Hongrie durant la préparation de ma thèse et elle ne voulait pas partir à l’étranger. Alors, je suis rentré dans mon pays et j’ai trouvé un CDI chez Sanofi-Synthelabo (Chinoin en Hongrie). Je ne faisais pas de chimie analytique (ma spécialité de thèse), je faisais un peu de modélisation moléculaire. Je gérais aussi la chimiothèque locale, les bases de données, etc. C’était nouveau pour moi et j’ai beaucoup appris. Mais ma situation familiale a changé (j’ai divorcé) et j’ai décidé de quitter la Hongrie.
4/ Comment avez-vous prospecté le marché étranger ?
Je suis allé voir des collègues de mon ancien labo de chimie à Budapest. Ils avaient des contacts à Berlin avec un directeur de labo d’origine hongroise et ils m’ont conseillé de postuler pour une bourse post-doctorale. J’ai obtenu une bourse Alexander von Humboldt. Je suis parti 22 mois en Allemagne où je me suis spécialisé en chimie analytique.
5/ Ensuite, comment êtes-vous passé de l’Allemagne aux Pays-Bas ?
C’était par l’ABG. J’étais inscrit à une mailing liste où j’ai vu une annonce de post-doc. J’ai postulé, j’ai été invité à passer un entretien et j’ai eu le poste.
6/ Que faites-vous dans le labo à Groningen ?
Je fais à la fois de la chimie analytique (de la protéomique) et de l’informatique (des statistiques et du traitement de données). J’ai pu combiner tout ce que j’avais fait auparavant en France et en Allemagne. Même si je n’ai pas de statut fixe, je me sens bien du point de vue professionnel.
7/ Vous êtes dans un labo qui compte combien de membres ?
Une quinzaine. C’est assez international. En plus des Hollandais, il y a des Français, un Allemand, une Roumaine, une Russe. On apprend beaucoup les uns des autres parce que nous collaborons beaucoup plus qu’en Hongrie, en Allemagne et en France, il me semble. Je constate qu’en Hollande, ils accordent énormément d’importance aux collaborations et au travail en groupe.
8/ Comment se compose le groupe de recherche ?
Du point de vue des statuts, en Hollande, c’est le système à l’anglo-saxonne : il y a très peu de positions stables en CDI, ce sont les professeurs uniquement qui en ont. Dans le labo, il y a beaucoup de doctorants et de post-doc. Du point de vue des spécialités, le directeur du labo travaille dans la chimie analytique et l’autre professeur fait de la microfluidique. Moi, ma responsabilité au labo, c’est la bio-informatique.
9/ Depuis combien de temps êtes-vous aux Pays-Bas ?
Mon contrat de deux ans se termine fin 2006, il est renouvelable un an et je crois que je vais rester un an de plus. Maintenant, je commence à récolter les fruits de mon travail et je vais pouvoir publier ce que j’ai développé depuis deux an.
10/ Qu’est-ce que vous envisagez pour la suite ?
Mes choix dépendent aussi de ma situation familiale. Je rentre une fois par mois en Hongrie pour voir ma fille. Je ne peux pas faire cette navette éternellement.
11/ Donc, vous pensez rentrer en Hongrie ?
Oui, c’est ce que je souhaiterai mais la situation en Hongrie est difficile. Il n’y a pas beaucoup de postes de chercheurs. Peut-être que j’aurais une proposition en France, mais ça ne résoudra pas mon problème familial.
Propos recueillis le 16 mars 2006, par Evelyne Jardin.
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