Trois post-docs dont deux à l'étranger et après ?
Clarisse Faria-Fortecoëf
La mobilité, Yoann Le Bars, docteur en océanographie physique, l'a tout d'abord expérimenté au niveau national tout au long de ses études, de Paris à Nancy en passant par Toulouse où il a fait son doctorat (2006-2010). A l'Université Paul Sabatier, sa recherche a porté sur la « Modélisation de la dynamique océanique barotrope dans l’estuaire et le plateau amazoniens », au sein du LEGOS (Laboratoire d’Études en Géophysique et Océanographie Spatiales), laboratoire sous tutelle mixte avec le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) et le CNES (Centre National d’Études Spatiales).
« Partir ensuite à l'étranger, c'était un peu naturel, vu le travail réalisé en lien avec le CNES et la demande croissante au niveau international en matière de modélisation océanique ».
« Partir ensuite à l'étranger, c'était un peu naturel, vu le travail réalisé en lien avec le CNES et la demande croissante au niveau international en matière de modélisation océanique ».
L'expérience américaine et le premier post-doc…
C'est à 6 mois de sa soutenance et lors d’une conférence, que va se présenter l’opportunité pour Yoann Le Bars de rejoindre le Naval Research Laboratory, Stennis Space Center (NASA), University of Southern Mississippi – US Navy.
D'août 2010 à mars 2011, Yoann va ainsi travailler à l’élaboration d’un modèle des côtes de la Virginie.
7 mois, n'est-ce pas un peu court pour un post-doc ?
« Au départ, je pensais partir pour deux ans. Cependant, en octobre 2010 ont eu lieu les élections de mi-mandat et la nouvelle majorité a été élue entre autres, sur un programme de coupes budgétaires. La ligne qui finançait mon post-doctorat en faisait partie. Finalement, je ne suis resté qu’un an, sans véritable opportunité de continuer ensuite ». Une durée qui ne permettait pas selon Yoann, de mener à terme un travail intéressant et constructif.
Par ailleurs, il a dû également, faire face à d'autres problèmes liés à cette mobilité. « Je ne pensais pas qu'il y ait une si grande différence avec la France. Une grande différence aussi avec le milieu académique, je n'étais pas à l'université et donc pas assez productif en matière de publications. Et puis, bien que je m'entendais très bien avec mes collègues, habiter dans le sud des États-Unis, ce n'était pas évident pour moi ».
Qu'avez-vous fait ensuite, aviez-vous déjà un nouveau projet en vue ?
« En fait, je me suis retrouvé à rentrer en France sans rien. Pas de qualification pour la fonction maître de conférences et pas assez de publications ».
Cependant, Yoann a tiré quelques enseignements de cette première expérience internationale qui vont lui être utiles par la suite : « la découverte de ce que c'est qu'un choc culturel et par conséquent, l’importance de bien préparer son départ ; la nécessité de se faire de nouvelles relations et de maintenir ses contacts ».
Comment s'est passé votre retour dans l'Hexagone et présenté la perspective d'un deuxième post-doc ?
« A mon retour en Île-de-France, j'ai répondu à une annonce pour un post-doctorat sur un an (juin 2011 – juin 2012) au sein du Laboratoire d’hydraulique Saint-Venant, Chatou, École des ponts Paristech – CETMEF – EDF R&D »
L'occasion pour Yoann d’avoir une première expérience dans le partenariat secteur public/secteur privé.
« J'aurais voulu que cela se prolonge, mais ce n'était pas possible. Un point problématique, c'est qu'il n'y avait pas de réelle culture de la publication, et du coup un an, c'était bien trop court ».
Et c'est là que l'opportunité de partir en Belgique et d'un troisième post-doc, va se présenter ?
« Depuis le début de ma thèse, je participe régulièrement à l'International workshop on Multi-scale (Un)-structured mesh numerical Modeling for coastal, shelf and global ocean dynamics qui se déroule tous les ans, dans un lieu/pays différent (Europe, USA, etc.) ». (*). Dans ce cadre, j'ai notamment pu croiser les membres - l'un d'entre eux faisait d'ailleurs, partie de mon jury de thèse, nous avions la volonté de travailler ensemble - de l'Institute of mechanics, materials, and civil engineering, Université catholique de Louvain, Louvain-la-neuve (Belgique). De juin 2013 à juin 2015, je vais ainsi rejoindre le laboratoire de cet Institut dans le cadre d'une collaboration France/Belgique et public (l'Université catholique de Louvain) /privé (les entreprises Total et CLS).
Mon activité a consisté ici, dans la réalisation d’un modèle 3D de l’estuaire du Congo et de l’océan avoisinant. D'un côté, il y avait le problème ou enjeu de la recherche, à savoir l'amélioration de la modélisation du continuum fleuve-océan et, de l'autre côté, Total était intéressé par le fleuve Congo. J'ai pu également dispenser des cours et publier. Par ailleurs, le choc culturel entre la France et la Belgique, même s'il existe un peu, était bien moindre que celui que j'ai vécu aux États-Unis ».
Parmi les difficultés auxquelles Yoann a été confronté à son retour de Belgique, il n'avait plus la couverture de la sécurité sociale de juillet à octobre 2015. « Même lorsqu'il y a des accords entre pays, il y a toujours des lourdeurs administratives, il faut le savoir et bien préparer sa mobilité, ce que je n’avais pas suffisamment fait. J'ai appris aussi, que pour débloquer les droits à l’assurance chômage, il faut avoir travailler au moins une journée comme salarié en France après son retour. Ce que j’ai fait pendant quatre jours en décembre 2015, à la Maison de la petite enfance de ma ville, alors même que je postulais au concours externe du CNRS ».
(*) Si vous êtes intéressés par cet événement, vous pouvez consulter le site du dernier workshop qui s'est déroulé à Portland (Oregon)
Vous êtes donc, revenu en France en juillet 2015, quelles sont vos perspectives actuellement ?
« Je cherche un emploi et je n'exclue pas le privé. La mobilité internationale, mais aussi nationale, c'est une bonne expérience. Cependant, changer de pays, par exemple, implique un changement de vie. Il faut s'adapter en permanence, ce qui n’est pas toujours évident. Même si je n’écarte pas la possibilité de m'établir à l’étranger, mon projet c'est de poursuivre ma carrière en France et plus particulièrement en Île-de-France. Je suis dans une phase de questionnement : privé, public ? Dans le public, je vise un poste de maître de conférences ou de chargé de recherche. Mais, pour cela, il me faut la qualification. Le privé, pourquoi pas ? Mais, je ne peux pas faire n'importe quoi comme être en contradiction avec la recherche réalisée. Actuellement, j'essaie déjà entre autres de réactiver mon réseau public ».
Comment valorisez-vous votre expérience de la mobilité ?
« J'ai travaillé aux États-Unis, je suis bilingue et j'ai su m'adapter à différents contextes ».
Cependant, selon Yoann, un des handicaps que peut présenter son parcours et dans le cadre d'une candidature pour un emploi dans le secteur privé : le changement de lieu et d'organisation tous les deux ans, car cela peut parfois être interprété comme un manque de stabilité.
« Et puis, il y a toujours eu une opposition entre l'université et les grandes écoles en France, un docteur issu du monde universitaire pouvant être perçu avec une certaine suspicion dans le milieu des entreprises. En même temps, mon master "Mathématiques appliquées, mention mathématiques de la modélisation, spécialité mathématiques et informatique", réalisé entre l'Université Pierre et Marie Curie, l'École normale supérieure, l'École polytechnique et l'École des Ponts de Paris, peut faire la différence et je n'hésite plus à le mettre en avant. Si je me donne les moyens, je pourrais aussi repartir aux États-Unis. Mais, est-ce que j'en ai vraiment envie ? ».
Et, si c'était à refaire ?
« Le principe de causalité implique qu'on ne peut pas refaire le passé ! De toute façon, il y a plusieurs choses positives à retirer de mon expérience de la mobilité. Cependant, j'ai fait pas mal d'erreurs. Si on décide de partir, il faut un vrai projet. Je partais pour compléter mon CV, je partais pour revenir. Il faut donc, non seulement bien préparer son départ, mais aussi son retour, maintenir ses contacts, cultiver son réseau. Par ailleurs, bouger autant que je l'ai fait que se soit d'une ville à une autre, d'un pays à un autre, cela a des impacts sur la vie sociale. Après, il est vrai que la mobilité et le secteur privé, ce n'est pas vraiment prévu dans la formation doctorale et ça serait vraiment un plus ».
Si vous souhaitez prendre contact avec Yoann Le Bars et/ou en savoir plus sur son parcours et expérience (travail scientifique, CV, etc.), nous vous invitons à consulter son Blog : « Vu d'ici ».
Les photos de cet article sont placées par notre interlocuteur sous contrat Creative Commons (pas d’utilisation commerciale…).
C'est à 6 mois de sa soutenance et lors d’une conférence, que va se présenter l’opportunité pour Yoann Le Bars de rejoindre le Naval Research Laboratory, Stennis Space Center (NASA), University of Southern Mississippi – US Navy.
D'août 2010 à mars 2011, Yoann va ainsi travailler à l’élaboration d’un modèle des côtes de la Virginie.
7 mois, n'est-ce pas un peu court pour un post-doc ?
« Au départ, je pensais partir pour deux ans. Cependant, en octobre 2010 ont eu lieu les élections de mi-mandat et la nouvelle majorité a été élue entre autres, sur un programme de coupes budgétaires. La ligne qui finançait mon post-doctorat en faisait partie. Finalement, je ne suis resté qu’un an, sans véritable opportunité de continuer ensuite ». Une durée qui ne permettait pas selon Yoann, de mener à terme un travail intéressant et constructif.
Par ailleurs, il a dû également, faire face à d'autres problèmes liés à cette mobilité. « Je ne pensais pas qu'il y ait une si grande différence avec la France. Une grande différence aussi avec le milieu académique, je n'étais pas à l'université et donc pas assez productif en matière de publications. Et puis, bien que je m'entendais très bien avec mes collègues, habiter dans le sud des États-Unis, ce n'était pas évident pour moi ».
Qu'avez-vous fait ensuite, aviez-vous déjà un nouveau projet en vue ?
« En fait, je me suis retrouvé à rentrer en France sans rien. Pas de qualification pour la fonction maître de conférences et pas assez de publications ».
Cependant, Yoann a tiré quelques enseignements de cette première expérience internationale qui vont lui être utiles par la suite : « la découverte de ce que c'est qu'un choc culturel et par conséquent, l’importance de bien préparer son départ ; la nécessité de se faire de nouvelles relations et de maintenir ses contacts ».
Comment s'est passé votre retour dans l'Hexagone et présenté la perspective d'un deuxième post-doc ?
« A mon retour en Île-de-France, j'ai répondu à une annonce pour un post-doctorat sur un an (juin 2011 – juin 2012) au sein du Laboratoire d’hydraulique Saint-Venant, Chatou, École des ponts Paristech – CETMEF – EDF R&D »
L'occasion pour Yoann d’avoir une première expérience dans le partenariat secteur public/secteur privé.
« J'aurais voulu que cela se prolonge, mais ce n'était pas possible. Un point problématique, c'est qu'il n'y avait pas de réelle culture de la publication, et du coup un an, c'était bien trop court ».
Et c'est là que l'opportunité de partir en Belgique et d'un troisième post-doc, va se présenter ?
« Depuis le début de ma thèse, je participe régulièrement à l'International workshop on Multi-scale (Un)-structured mesh numerical Modeling for coastal, shelf and global ocean dynamics qui se déroule tous les ans, dans un lieu/pays différent (Europe, USA, etc.) ». (*). Dans ce cadre, j'ai notamment pu croiser les membres - l'un d'entre eux faisait d'ailleurs, partie de mon jury de thèse, nous avions la volonté de travailler ensemble - de l'Institute of mechanics, materials, and civil engineering, Université catholique de Louvain, Louvain-la-neuve (Belgique). De juin 2013 à juin 2015, je vais ainsi rejoindre le laboratoire de cet Institut dans le cadre d'une collaboration France/Belgique et public (l'Université catholique de Louvain) /privé (les entreprises Total et CLS).
Mon activité a consisté ici, dans la réalisation d’un modèle 3D de l’estuaire du Congo et de l’océan avoisinant. D'un côté, il y avait le problème ou enjeu de la recherche, à savoir l'amélioration de la modélisation du continuum fleuve-océan et, de l'autre côté, Total était intéressé par le fleuve Congo. J'ai pu également dispenser des cours et publier. Par ailleurs, le choc culturel entre la France et la Belgique, même s'il existe un peu, était bien moindre que celui que j'ai vécu aux États-Unis ».
Parmi les difficultés auxquelles Yoann a été confronté à son retour de Belgique, il n'avait plus la couverture de la sécurité sociale de juillet à octobre 2015. « Même lorsqu'il y a des accords entre pays, il y a toujours des lourdeurs administratives, il faut le savoir et bien préparer sa mobilité, ce que je n’avais pas suffisamment fait. J'ai appris aussi, que pour débloquer les droits à l’assurance chômage, il faut avoir travailler au moins une journée comme salarié en France après son retour. Ce que j’ai fait pendant quatre jours en décembre 2015, à la Maison de la petite enfance de ma ville, alors même que je postulais au concours externe du CNRS ».
(*) Si vous êtes intéressés par cet événement, vous pouvez consulter le site du dernier workshop qui s'est déroulé à Portland (Oregon)
Vous êtes donc, revenu en France en juillet 2015, quelles sont vos perspectives actuellement ?
« Je cherche un emploi et je n'exclue pas le privé. La mobilité internationale, mais aussi nationale, c'est une bonne expérience. Cependant, changer de pays, par exemple, implique un changement de vie. Il faut s'adapter en permanence, ce qui n’est pas toujours évident. Même si je n’écarte pas la possibilité de m'établir à l’étranger, mon projet c'est de poursuivre ma carrière en France et plus particulièrement en Île-de-France. Je suis dans une phase de questionnement : privé, public ? Dans le public, je vise un poste de maître de conférences ou de chargé de recherche. Mais, pour cela, il me faut la qualification. Le privé, pourquoi pas ? Mais, je ne peux pas faire n'importe quoi comme être en contradiction avec la recherche réalisée. Actuellement, j'essaie déjà entre autres de réactiver mon réseau public ».
Comment valorisez-vous votre expérience de la mobilité ?
« J'ai travaillé aux États-Unis, je suis bilingue et j'ai su m'adapter à différents contextes ».
Cependant, selon Yoann, un des handicaps que peut présenter son parcours et dans le cadre d'une candidature pour un emploi dans le secteur privé : le changement de lieu et d'organisation tous les deux ans, car cela peut parfois être interprété comme un manque de stabilité.
« Et puis, il y a toujours eu une opposition entre l'université et les grandes écoles en France, un docteur issu du monde universitaire pouvant être perçu avec une certaine suspicion dans le milieu des entreprises. En même temps, mon master "Mathématiques appliquées, mention mathématiques de la modélisation, spécialité mathématiques et informatique", réalisé entre l'Université Pierre et Marie Curie, l'École normale supérieure, l'École polytechnique et l'École des Ponts de Paris, peut faire la différence et je n'hésite plus à le mettre en avant. Si je me donne les moyens, je pourrais aussi repartir aux États-Unis. Mais, est-ce que j'en ai vraiment envie ? ».
Et, si c'était à refaire ?
« Le principe de causalité implique qu'on ne peut pas refaire le passé ! De toute façon, il y a plusieurs choses positives à retirer de mon expérience de la mobilité. Cependant, j'ai fait pas mal d'erreurs. Si on décide de partir, il faut un vrai projet. Je partais pour compléter mon CV, je partais pour revenir. Il faut donc, non seulement bien préparer son départ, mais aussi son retour, maintenir ses contacts, cultiver son réseau. Par ailleurs, bouger autant que je l'ai fait que se soit d'une ville à une autre, d'un pays à un autre, cela a des impacts sur la vie sociale. Après, il est vrai que la mobilité et le secteur privé, ce n'est pas vraiment prévu dans la formation doctorale et ça serait vraiment un plus ».
Si vous souhaitez prendre contact avec Yoann Le Bars et/ou en savoir plus sur son parcours et expérience (travail scientifique, CV, etc.), nous vous invitons à consulter son Blog : « Vu d'ici ».
Les photos de cet article sont placées par notre interlocuteur sous contrat Creative Commons (pas d’utilisation commerciale…).
Besoin d'informations sur l'ABG ?
Vous souhaitez recevoir nos infolettres ?
Découvrez nos adhérents
- Nokia Bell Labs France
- CESI
- ADEME
- TotalEnergies
- Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire - IRSN - Siège
- Groupe AFNOR - Association française de normalisation
- ANRT
- Laboratoire National de Métrologie et d'Essais - LNE
- Tecknowmetrix
- CASDEN
- Ifremer
- SUEZ
- MabDesign
- Généthon
- Aérocentre, Pôle d'excellence régional
- MabDesign
- ONERA - The French Aerospace Lab
- Institut Sup'biotech de Paris
- PhDOOC