L?emploi des docteurs gagné par la crise ?
Christelle Poulain et Cécile Prévost
Conséquence de la crise financière, les perspectives d’emploi des cadres en Europe pour 2009 ne sont pas des plus optimistes. Nous avons souhaité à l’Association Bernard Gregory (ABG) faire un point sur le marché de l’emploi des jeunes docteurs.Les offres comme indicateurs de marché
Nous nous sommes polarisés sur le nombre d’offres d’emploi publiées sur le site de l’ABG (www.abg.asso.fr) considérant qu’elles sont un indicateur de la conjoncture économique.
Nous avons donc jeté un œil sur les deux dernières années de diffusion des offres en ne prenant en compte que les offres destinées à notre cible privilégiée, à savoir les docteurs avec moins de 5 ans d’expérience excluant ainsi les offres à l’adresse des seniors.
L’effet crise ?
Près de 9000 offres ont été publiées au cours des deux dernières années sur le site de l’ABG. Durant toute l’année 2007, et jusqu’au premier trimestre 2008 inclus, la tendance dans le dépôt des offres (toutes disciplines et tous métiers) était extrêmement dynamique : +20% sur cette période.
En revanche depuis la fin du premier trimestre 2008, la dynamique s’est inversée et le nombre d’offres a décru progressivement (-9%).
L’indicateur exposé prend en compte aussi bien les offres déposées par les entreprises privées que par les universités ou organismes publics. Or, l’emploi public est soumis moins immédiatement à la conjoncture économique que l’emploi dans les entreprises. Faut-il en déduire que l’emploi dans le secteur privé est en chute libre sur les trois derniers trimestres 2008 ?
Chute des CDI
Alors que le taux d’offres publiées par les entreprises privées a connu une très forte croissante (+30%) sur la première période (2007-fin 1er trimestre 2008), on constate un ralentissement de près de 10% depuis début 2008.
Plus précisément, les entreprises maintiennent leur recrutement d’emplois temporaires (+4% de contrats à durée déterminée sur 2008), mais elles ont donné un coup de frein aux contrats à durée indéterminée (-15% au cours de ces derniers trimestres).
Recrutements en R&D peu touchés
Tous les métiers ne sont pas touchés de la même manière par la crise. En examinant de plus près les offres du secteur privé publiées par l’ABG, on remarque que les métiers de l’ingénierie et de l’informatique, qui ont connu ces dernières années une pénurie de main-d’œuvre ont offert moins d’opportunités en 2008. En revanche, les métiers liés aux conseils, expertises et études ainsi que ceux liés à la R&D ont maintenu, sur la même période, leur niveau d’offres. L’innovation resterait-elle une valeur sûre pour sortir de la crise ?
Le point de vue d’Isabelle Augustins, consultante, Cabinet Hudson
Le secteur privé connaît aujourd’hui une décroissance de ses recrutements de 10 à 20% comparativement à 2008. Toutes les fonctions sont touchées à l’exception de la R&D. L’APEC constate une hausse des offres en R&D de 10% en novembre dernier, par rapport à novembre 2007. Avec la crise, la compétition s’accentue et le rôle fondamental de la R&D s’en trouve encore accru. Même le secteur de l’automobile en forte chute aujourd’hui (-26% en un an), qui représente en France la première dépense de R&D dans l’industrie, mise sur l’innovation. C’est une question de survie. Les contraintes environnementales constitueront un moteur important de l’innovation. La recherche dans les secteurs de l’énergie, notamment nucléaire et renouvelable, aura probablement le vent en poupe… A suivre.
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