Identification et caractérisation de nouvelles cibles pour lutter contre les bactéries multirésistantes

L’antibiorésistance représente l’une des plus grandes menaces mondiales pesant sur la santé publique. L’émergence de bactéries multirésistantes est telle que des pathologies qui jusqu’ici étaient relativement bien traitées posent des problèmes cliniques de plus en plus récurrents. Face à la perte d’efficacité des antibiotiques et cette impasse thérapeutique potentielle, des plans d’action visant à contrer l’antibiorésistance ont été mis en place. L’Organisation Mondiale de la Santé a d’ailleurs établi une liste de bactéries pathogènes prioritaires pour la recherche et le développement de stratégies innovantes de lutte contre la résistance aux antibiotiques. Une piste très prometteuse concerne l’identification de nouvelles molécules utilisées en tant qu’adjuvants avec des antibiotiques ayant perdu leur efficacité dans le but de les « réhabiliter ». Le projet IMPACT, porté par l’UR4312 CBSA (Communication Bactérienne et Stratégies Anti-infectieuses) de l’université de Caen Normandie, a pour objectif principal de caractériser une nouvelle molécule antibactérienne. Cette molécule, combinée à un antibiotique, re-sensibilise des bactéries pathogènes (SARM, SERM) qui pourtant résistaient à cet antibiotique. Afin de caractériser ce traitement tout à fait innovant, les objectifs du projet IMPACT seront dans un premier temps de confirmer les propriétés antibactériennes de la molécule avec d’autres antibiotiques et d’autres pathogènes à Gram positif et négatif. Puis il s’agira d’identifier la cible de la molécule au sein de la bactérie et de déterminer son mode d’action. Ce projet transversal, à l’interface des domaines de la microbiologie, la biologie moléculaire et la biochimie, et fruit de la collaboration étroite entre les laboratoires CBSA et CERMN (Centre d’Études et de Recherche sur le Médicament de Normandie), permettra de répondre en partie à l’ambitieux défi que représente la lutte contre l’antibiorésistance.

L’unité de recherche 4312 CBSA (Communication Bactérienne et Stratégies Anti-infectieuses) étudie d’une part le rôle de la communication et des signaux environnementaux dans l’adaptation, la réponse aux stress et la virulence bactérienne, et d’autre part le développement de stratégies anti-infectieuses, à travers 5 champs thématiques :

• Enveloppe et senseurs : étude du rôle de l’enveloppe bactérienne dans l’adaptation des bactéries à leur environnement, leur hôte, la formation de biofilm et la virulence
• Communication dans le microbiote humain : cutané, intestinal et pulmonaire
• Communication dans le microbiote végétal : colonisation, protection de la plante et nouveaux agents de lutte
• Risques microbiologiques et résistance aux antibiotiques : relation métabolisme/virulence/réponse au stress et évaluation du risque microbiologique lié à l’environnement
• Stratégies antiinfectieuses : nouvelles stratégies de lutte contre les infections à bactéries multi-résistantes aux antibiotiques

Le ou la candidat (e) devra être titulaire d'un Master 2. Les prérequis sont de solides connaissances théoriques en microbiologie et biologie moléculaire. D'un point de vue technique, le ou la candidat.e devra faire preuve d'une très bonne expérience dans les approches de bactériologie (physiologie bactérienne, détermination de CMI...), de biologie moléculaire (extractions ADN/ARN, PCR, clonages, mutagenèse, génomique...) et de biochimie (surexpression et purification de protéines, tests enzymatiques, spectrométrie de masse...). Une expérience sur modèles animaux, particulièrement Galleria mellonella, sera appréciée. Par ailleurs, les qualités attendues de la personne recrutée sont un bon esprit d'équipe, une grande rigueur scientifique et des facultés de communication.