De docteur en biochimie à responsable de communication opérationnelle chez Orange
« Docteur en biochimie, je me suis dirigé vers le secteur des Télécommunications, j’ai dû expliquer la cohérence de mon parcours lors de chaque entretien de recrutement » affirme Laurent Poulouin, responsable de communication opérationnelle chez Orange. Découvrez dans cette interview ABG la manière dont il est passé de l'un à l'autre.
Pourquoi avez-vous choisi de travailler dans le secteur des télécommunications ?
Je me suis inscrit à l’université avec le projet d’enseigner dans le secondaire ou le supérieur. A la fin de ma thèse en biochimie, j’ai dû écarter l’idée de travailler dans le secteur académique et je me suis tourné vers le secteur privé, sans idée précise. Une première expérience sur le système d’informations de France Télécom (NdR : l’ancien nom d’Orange) m’a permis de mieux cerner mes capacités et mes envies.
Je me suis inscrit à l’université avec le projet d’enseigner dans le secondaire ou le supérieur. A la fin de ma thèse en biochimie, j’ai dû écarter l’idée de travailler dans le secteur académique et je me suis tourné vers le secteur privé, sans idée précise. Une première expérience sur le système d’informations de France Télécom (NdR : l’ancien nom d’Orange) m’a permis de mieux cerner mes capacités et mes envies.
Qu’avez-vous fait valoir pour être recruté dans ce secteur alors que vous étiez docteur en biochimie ?
J’ai valorisé toutes les expériences de communication que j’ai vécues durant mes études. J’ai assisté à des présentations de posters sur le séquençage de l’ADN à la fin des années 1990. Je remarquais que les présentations n’étaient pas accessibles à des non spécialistes et peu pertinentes pour les autres. J’engageais une série de questions pour permettre aux scientifiques de valoriser leur travail, j’élaborais une iconographie. En parallèle, j’ai été en charge de la prévention des risques dans les laboratoires de recherche, j’ai participé à la fête de la science, au journal de l’université... Mon directeur de thèse me questionnait sur ma dispersion au détriment de mon doctorat mais, en fait, il m’aidait par là à mieux définir mon objectif professionnel et c’est ce qui a permis de m’épanouir dans le privé !
Effectivement, je perçois bien le lien entre votre intérêt pour l’enseignement et le choix de la communication : le plaisir d’expliquer et de transmettre un message. Que pensez-vous de la réputation des recruteurs français qui se focalisent sur les diplômes au détriment d’une expérience professionnelle réussie ?
Aujourd’hui, les recruteurs français sont toujours réticents à recruter une personne qui n’a pas le diplôme correspondant exactement au poste à pourvoir. Les employeurs préfèrent recruter un diplômé du CELSA ou d’une école de commerce pour occuper un poste de communication. Je travaille depuis 1999 dans ce domaine et, aujourd’hui encore, je dois défendre mes choix de carrière lorsque je postule à une nouvelle fonction. Certains recruteurs sont très étonnés que je n’aie pas choisi de faire de la communication dans une entreprise pharmaceutique. J’ai beaucoup insisté et j’insiste encore sur l’atout que représente pour moi un doctorat spécialisé dans un secteur différent de celui dans lequel j’ai été formé. Ce doctorat a développé chez moi une grande rigueur scientifique allié à un regard extérieur. Je ne risquais pas communiquer comme un expert en télécommunications auprès du grand public ou de nos partenaires puisque les télécommunications n’étaient pas mon domaine d’études.
Vous avez été lobbyiste pour Orange. En quoi consiste ce métier ?
Ce métier a parfois mauvaise presse en France car il est associé au trafic d’influence. En fait, le lobbyiste est le représentant de son entreprise sur un territoire donné. Il doit savoir chercher les informations qui lui sont demandées par les institutions, les représentants des associations. Il explique les conséquences d’une décision ou d’une loi sur les projets à venir sur un territoire donné. J’étais le contact des élus locaux et des représentants de l’Etat en Région Centre. Beaucoup d’entre eux avaient des questions très précises quant au développement technique des télécommunications sur leur territoire. Ces développements sont bien sûr soumis à des contraintes techniques mais aussi réglementaires. La législation dans ce domaine est mouvante et complexe et il faut savoir l’expliquer.
Avec cette prise de poste, j’ai appris à me faire connaître, à maîtriser le protocole, les législations qui touchent aux réseaux, au commerce et même aux cessions immobilières..
Quelles difficultés avez-vous rencontré au cours de votre carrière ?
J’avais une notion très floue de ce qu’était qu’un cadre. On m’avait même posé la question lors de ma première mission et je n’avais aucune idée de la réalité que recouvrait cette notion. J’ai eu l’opportunité de monter une agence de communication et de choisir une équipe. Ma formation ne m’avait préparé ni au management ni au recrutement. Je me suis lancé, et c’est mon pragmatisme de docteur associé à l’accompagnement de mon managers et de mes pairs qui m’ont permis de développer mon image du manager et d’endosser cette fonction : définir une stratégie et permettre à mon équipe d’atteindre nos objectifs, en développant les compétences idoines ou en assurant la disponibilité des ressources requises. Ensuite, une position de manager n’est pas un long fleuve tranquille : il y a forcément des choses moins faciles comme se séparer d’un collaborateur, de sa propre initiative ou non.
Ce qui est très différent du monde universitaire à l’entreprise, ce sont les productions à courte échéance et les changements de stratégie en réaction aux environnements dans et hors de l’entreprise : c’est très différent d’une thèse où les travaux de recherche s’écoulent sur plusieurs mois.
Que conseilleriez-vous à un jeune docteur qui souhaiterait se lancer dans le secteur privé ?
D’oser se lancer justement. Le docteur est pragmatique, pilote ses travaux et gère sa thèse comme un projet avec des interlocuteurs multiples. Il a surtout appris à apprendre en permanence, l’état de l’art ou des nouvelles techniques. Il est adaptable et peut continuer à se former et à découvrir tout au long de sa carrière professionnelle.
Je n’ai pas suivi de formation magistrale ni communication ni dans les télécommunications et pourtant je travaille depuis 15 ans dans ce secteur. J’ai tenu des postes où je découvrais beaucoup, tant sur les compétences et les méthodes, et j’espère pouvoir apprendre encore longtemps !
J’ai valorisé toutes les expériences de communication que j’ai vécues durant mes études. J’ai assisté à des présentations de posters sur le séquençage de l’ADN à la fin des années 1990. Je remarquais que les présentations n’étaient pas accessibles à des non spécialistes et peu pertinentes pour les autres. J’engageais une série de questions pour permettre aux scientifiques de valoriser leur travail, j’élaborais une iconographie. En parallèle, j’ai été en charge de la prévention des risques dans les laboratoires de recherche, j’ai participé à la fête de la science, au journal de l’université... Mon directeur de thèse me questionnait sur ma dispersion au détriment de mon doctorat mais, en fait, il m’aidait par là à mieux définir mon objectif professionnel et c’est ce qui a permis de m’épanouir dans le privé !
Effectivement, je perçois bien le lien entre votre intérêt pour l’enseignement et le choix de la communication : le plaisir d’expliquer et de transmettre un message. Que pensez-vous de la réputation des recruteurs français qui se focalisent sur les diplômes au détriment d’une expérience professionnelle réussie ?
Aujourd’hui, les recruteurs français sont toujours réticents à recruter une personne qui n’a pas le diplôme correspondant exactement au poste à pourvoir. Les employeurs préfèrent recruter un diplômé du CELSA ou d’une école de commerce pour occuper un poste de communication. Je travaille depuis 1999 dans ce domaine et, aujourd’hui encore, je dois défendre mes choix de carrière lorsque je postule à une nouvelle fonction. Certains recruteurs sont très étonnés que je n’aie pas choisi de faire de la communication dans une entreprise pharmaceutique. J’ai beaucoup insisté et j’insiste encore sur l’atout que représente pour moi un doctorat spécialisé dans un secteur différent de celui dans lequel j’ai été formé. Ce doctorat a développé chez moi une grande rigueur scientifique allié à un regard extérieur. Je ne risquais pas communiquer comme un expert en télécommunications auprès du grand public ou de nos partenaires puisque les télécommunications n’étaient pas mon domaine d’études.
Vous avez été lobbyiste pour Orange. En quoi consiste ce métier ?
Ce métier a parfois mauvaise presse en France car il est associé au trafic d’influence. En fait, le lobbyiste est le représentant de son entreprise sur un territoire donné. Il doit savoir chercher les informations qui lui sont demandées par les institutions, les représentants des associations. Il explique les conséquences d’une décision ou d’une loi sur les projets à venir sur un territoire donné. J’étais le contact des élus locaux et des représentants de l’Etat en Région Centre. Beaucoup d’entre eux avaient des questions très précises quant au développement technique des télécommunications sur leur territoire. Ces développements sont bien sûr soumis à des contraintes techniques mais aussi réglementaires. La législation dans ce domaine est mouvante et complexe et il faut savoir l’expliquer.
Avec cette prise de poste, j’ai appris à me faire connaître, à maîtriser le protocole, les législations qui touchent aux réseaux, au commerce et même aux cessions immobilières..
Quelles difficultés avez-vous rencontré au cours de votre carrière ?
J’avais une notion très floue de ce qu’était qu’un cadre. On m’avait même posé la question lors de ma première mission et je n’avais aucune idée de la réalité que recouvrait cette notion. J’ai eu l’opportunité de monter une agence de communication et de choisir une équipe. Ma formation ne m’avait préparé ni au management ni au recrutement. Je me suis lancé, et c’est mon pragmatisme de docteur associé à l’accompagnement de mon managers et de mes pairs qui m’ont permis de développer mon image du manager et d’endosser cette fonction : définir une stratégie et permettre à mon équipe d’atteindre nos objectifs, en développant les compétences idoines ou en assurant la disponibilité des ressources requises. Ensuite, une position de manager n’est pas un long fleuve tranquille : il y a forcément des choses moins faciles comme se séparer d’un collaborateur, de sa propre initiative ou non.
Ce qui est très différent du monde universitaire à l’entreprise, ce sont les productions à courte échéance et les changements de stratégie en réaction aux environnements dans et hors de l’entreprise : c’est très différent d’une thèse où les travaux de recherche s’écoulent sur plusieurs mois.
Que conseilleriez-vous à un jeune docteur qui souhaiterait se lancer dans le secteur privé ?
D’oser se lancer justement. Le docteur est pragmatique, pilote ses travaux et gère sa thèse comme un projet avec des interlocuteurs multiples. Il a surtout appris à apprendre en permanence, l’état de l’art ou des nouvelles techniques. Il est adaptable et peut continuer à se former et à découvrir tout au long de sa carrière professionnelle.
Je n’ai pas suivi de formation magistrale ni communication ni dans les télécommunications et pourtant je travaille depuis 15 ans dans ce secteur. J’ai tenu des postes où je découvrais beaucoup, tant sur les compétences et les méthodes, et j’espère pouvoir apprendre encore longtemps !
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