Se professionnaliser dans le financement et la valorisation de la recherche et de l’innovation
C’est le choix qu'Émeline Assémat a fait, en mettant à profit des compétences acquises au cours de ses expériences professionnelles en recherche et enseignement, et de son engagement associatif. Pour l'ABG, elle a accepté de parler de son parcours, qui est une belle démonstration de comment ouverture d’esprit et introspection construisent un projet professionnel, et une parfaite illustration de la façon dont le réseau peut créer des opportunités. Un chemin qui nous invite également à aborder les métiers de la fonction publique territoriale accessibles aux docteurs.
En filigrane de ce parcours, il y a tout d’abord l’intérêt particulier de Émeline pour la recherche...
Un intérêt dont elle a pris conscience au cours de sa licence : « c’est en ayant contact avec des chercheurs au cours de ma licence que j’ai compris ce qu’était la recherche et que je souhaitais m’orienter dans cette voie ». C’est ainsi que Émeline a choisi de poursuivre jusqu’en doctorat, qu’elle a réalisé au sein d’un laboratoire INSERM, à la faculté de médecine de Saint Antoine. Un doctorat au cours duquel elle a exploré le monde de la recherche au-delà de son laboratoire. Elle a notamment participé aux Doctoriales®, une expérience qui lui a plu et qu’elle a jugé utile : « j’ai beaucoup apprécié d’y rencontrer d’autres doctorants issus de disciplines différentes de la mienne, cela m’a donné des idées et une certaine ouverture d’esprit au-delà de la recherche ». Et elle a également suivi le Diplôme Universitaire de Génie Biologique et Médical, diplôme qu’elle a validé en réalisant un mémoire sur la valorisation de la recherche à l’INSERM.
...mais aussi son fort engagement associatif
Pendant sa thèse, désireuse de s’impliquer socialement, Émeline a pris part à la création et à la vie de l’association Phydoc (aujourd’hui fusionnée au sein de Doc’up). Un engagement associatif qui s’est poursuivi au-delà de sa thèse : lors de sa première expérience postdoctorale, à l’Institut de biologie du développement de Marseille-Luminy, elle a contribué au montage d’un conseil des doctorants et post-doctorants. De 2006 à 2010 elle était membre élue du conseil d’administration de l’association des docteurs de l’UPMC et, en décembre dernier, elle a été élue vice-présidente de l’Association Nationale des Docteurs (ANDès).
Il y a également l’omniprésente question du financement des activités de recherche, qui a conduit Émeline à s’interroger sur le métier de chercheur et d’enseignant-chercheur
Lors de sa première expérience postdoctorale, Émeline a été confrontée à la transformation de ses « libéralités » en CDD (imposée par la circulaire d’octobre 2006 du MENESR). Elle s’est alors vu proposer une rémunération imputée des charges patronales et salariales, soit une baisse de revenus d’environ 70%. Face à cette situation, elle a alerté ses contacts à l’association Sauvons la recherche et a pris part au montage d’un collectif, entendu au niveau du ministère, et qui a finalement conduit au déblocage d’un budget exceptionnel. Ce budget a permis aux doctorants et post-doctorants dans cette situation de bénéficier de CDD sans baisse de revenus par rapport aux libéralités.
Lors de sa deuxième expérience postdoctorale, à l’université Paris Diderot, Émeline a cumulé un ½ poste ATER avec un ½ poste chercheur. Cette expérience lui a fait prendre conscience que la recherche de financements, la gestion et l’administration des enseignements, consommaient beaucoup de temps, limitant celui effectivement consacré au travail de recherche et à la formation des étudiants : « un chercheur aujourd’hui passe des fois plus de temps à chercher des financements et les gérer qu’à faire de la recherche scientifique. J’aime la recherche et je suis admirative de ceux qui réussissent à concilier tout cela mais ce n’était pas ce que je souhaitais faire ».
C’est une opportunité révélée par son réseau associatif qui lui a permis de réaliser sa transition professionnelle, vers les activités de support en lien avec la recherche
A la fin de son deuxième post-doctorat, Émeline a pris le temps de travailler son projet professionnel et de mobiliser ses contacts pour explorer de nouveaux horizons. Elle a rendu plusieurs fois visite à des amis qui réalisaient des expériences postdoctorales aux États-Unis, en a profité pour s’informer et prospecter des laboratoires en réalisant des séminaires et en participant à des congrès. Elle a également travaillé sa présence sur LinkedIn et Viadeo, regardant les annonces et postulant. Progressivement, en s’informant et en réfléchissant à tout ce qu’elle avait fait pendant ses 9 années d’expérience en laboratoires de recherche, son envie de travailler dans une activité de soutien à la recherche s’est affirmée.
Puis, elle a appris sur LinkedIn, par un de ses anciens collègues de l’association Phydoc, qu’un poste de chargé de mission recherche était vacant à la région Ile de France. Elle a alors repris contact avec cet ancien collègue et les informations qu’ils ont échangées ont confirmé son intérêt pour le poste.
En janvier 2012, Émeline a signé un CDD de droit public de 3 ans, en tant que chargée de mission recherche à la région Ile de France
« Selon moi, ce qui m’a permis de faire la différence lors de l’entretien, c’est ma conviction que je pouvais y arriver avec mon expérience. J’ai travaillé à mettre en avant mes compétences et en particulier ma connaissance du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche à travers mes expériences à l’INSERM, au CNRS et dans les universités, et j’ai réussi à me vendre. » « J’ai pu négocier mon salaire avec le service des ressources humaines. Il faut savoir que le doctorat n’est pas un niveau d’études pris en compte dans les grilles de la fonction publique territoriale, j’ai donc fait en sorte qu’il soit reconnu comme une expérience professionnelle, en présentant le décret correspondant. ».
Pour ce poste, Émeline a assuré la gestion d’appels à projets (allocations doctorales hors domaines d’intérêt majeur et actions visant l’insertion professionnelle des docteurs), et le suivi du GIP Genopole et de deux domaines d’intérêt majeur (« Biothérapies : médecine régénérative, cellules souches et transplantation » et « Cancérologie »). Elle cite plusieurs avantages à exercer ce type de poste dans une administration territoriale : la vision globale du panorama de la recherche et de l’enseignement supérieur ; la dimension politique ; l’accès à des formations et les possibilités d’évolution de ses missions comme par exemple son implication dans le lancement régional du programme européen de recherche et d’innovation Horizon 2020.
Depuis octobre 2014, elle est chargée de mission Recherche et Valorisation à l’agence régionale de l’innovation du Nord-Pas-de-Calais (Nord France Innovation Développement)
L’an dernier, anticipant la fin de son CDD, Émeline a réactivé son réseau. Désireuse de donner une nouvelle dimension à sa carrière et, notamment, de permettre plus de liens entre la recherche et l’innovation, elle a pris contact avec la délégation régionale à la recherche et à la technologie du Nord-Pas-de-Calais. C’est ainsi qu’elle a été informée de la création d’un poste en CDI à l’agence Nord France Innovation Développement, pour lequel elle a postulé et a été recrutée.
Aujourd’hui sa mission est de participer, aux côtés de la Région, à l’animation et au suivi de la stratégie de recherche et d’innovation (SRI-SI) et, en particulier, à la mise en œuvre d’un axe transversal dédié à la valorisation de la recherche. Ce nouveau poste lui permet d’être toujours au contact des chercheurs, des universités, des écoles, des organismes de recherche, mais aussi du tissu économique en lien avec la recherche comme les pôles de compétitivité ou les sites d’excellence.
Ses conseils pour mener à bien son projet professionnel
« Il est indispensable de travailler son réseau, d’être bien visible sur internet et de veiller à maintenir ses profils à jour. Lorsque l’on candidate, il est essentiel d’adapter son CV au poste. Pour l’entretien, il faut bien préparer sa présentation en 5 min, ne pas se dévaloriser ni se survaloriser - notamment en ce qui concerne la thèse - n’oubliez pas que les personnes en face de vous n’ont pas forcément un doctorat, ou alors sur des thématiques qui n’ont rien à voir avec les vôtres, la formation n’est pas le principal ! Il faut parler expérience et compétences. Il ne faut pas hésiter à prendre contact au préalable avec les personnes qui ont un emploi similaire afin de bien comprendre les missions et surtout d’avoir des questions concrètes à poser au recruteur car cela montre notre intérêt et notre capacité à s’approprier la fonction. »
En savoir plus sur la fonction publique territoriale
« Concernant les CDD dans les administrations territoriales, il faut savoir qu’il y a très peu d’annonces, le mieux est faire des candidatures spontanées dans les différentes administrations ou de prendre des contacts directs. Par ailleurs, plusieurs concours de la fonction publique territoriale peuvent intéresser les docteurs : le concours d’attaché territorial (accessible à Bac+3), le concours d’ingénieur territorial (accessible à Bac+5 et pour lequel il faut justifier d’un diplôme technique) et le concours d’administrateur territorial (accessible à partir de Bac+4 et qui requiert une connaissance du droit). »
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à vous renseigner auprès des centres de gestion (CDG, un par département en province), des centres interdépartemental de gestion (CIG, deux basés sur la région Ile de France) et du centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT).
Un intérêt dont elle a pris conscience au cours de sa licence : « c’est en ayant contact avec des chercheurs au cours de ma licence que j’ai compris ce qu’était la recherche et que je souhaitais m’orienter dans cette voie ». C’est ainsi que Émeline a choisi de poursuivre jusqu’en doctorat, qu’elle a réalisé au sein d’un laboratoire INSERM, à la faculté de médecine de Saint Antoine. Un doctorat au cours duquel elle a exploré le monde de la recherche au-delà de son laboratoire. Elle a notamment participé aux Doctoriales®, une expérience qui lui a plu et qu’elle a jugé utile : « j’ai beaucoup apprécié d’y rencontrer d’autres doctorants issus de disciplines différentes de la mienne, cela m’a donné des idées et une certaine ouverture d’esprit au-delà de la recherche ». Et elle a également suivi le Diplôme Universitaire de Génie Biologique et Médical, diplôme qu’elle a validé en réalisant un mémoire sur la valorisation de la recherche à l’INSERM.
...mais aussi son fort engagement associatif
Pendant sa thèse, désireuse de s’impliquer socialement, Émeline a pris part à la création et à la vie de l’association Phydoc (aujourd’hui fusionnée au sein de Doc’up). Un engagement associatif qui s’est poursuivi au-delà de sa thèse : lors de sa première expérience postdoctorale, à l’Institut de biologie du développement de Marseille-Luminy, elle a contribué au montage d’un conseil des doctorants et post-doctorants. De 2006 à 2010 elle était membre élue du conseil d’administration de l’association des docteurs de l’UPMC et, en décembre dernier, elle a été élue vice-présidente de l’Association Nationale des Docteurs (ANDès).
Il y a également l’omniprésente question du financement des activités de recherche, qui a conduit Émeline à s’interroger sur le métier de chercheur et d’enseignant-chercheur
Lors de sa première expérience postdoctorale, Émeline a été confrontée à la transformation de ses « libéralités » en CDD (imposée par la circulaire d’octobre 2006 du MENESR). Elle s’est alors vu proposer une rémunération imputée des charges patronales et salariales, soit une baisse de revenus d’environ 70%. Face à cette situation, elle a alerté ses contacts à l’association Sauvons la recherche et a pris part au montage d’un collectif, entendu au niveau du ministère, et qui a finalement conduit au déblocage d’un budget exceptionnel. Ce budget a permis aux doctorants et post-doctorants dans cette situation de bénéficier de CDD sans baisse de revenus par rapport aux libéralités.
Lors de sa deuxième expérience postdoctorale, à l’université Paris Diderot, Émeline a cumulé un ½ poste ATER avec un ½ poste chercheur. Cette expérience lui a fait prendre conscience que la recherche de financements, la gestion et l’administration des enseignements, consommaient beaucoup de temps, limitant celui effectivement consacré au travail de recherche et à la formation des étudiants : « un chercheur aujourd’hui passe des fois plus de temps à chercher des financements et les gérer qu’à faire de la recherche scientifique. J’aime la recherche et je suis admirative de ceux qui réussissent à concilier tout cela mais ce n’était pas ce que je souhaitais faire ».
C’est une opportunité révélée par son réseau associatif qui lui a permis de réaliser sa transition professionnelle, vers les activités de support en lien avec la recherche
A la fin de son deuxième post-doctorat, Émeline a pris le temps de travailler son projet professionnel et de mobiliser ses contacts pour explorer de nouveaux horizons. Elle a rendu plusieurs fois visite à des amis qui réalisaient des expériences postdoctorales aux États-Unis, en a profité pour s’informer et prospecter des laboratoires en réalisant des séminaires et en participant à des congrès. Elle a également travaillé sa présence sur LinkedIn et Viadeo, regardant les annonces et postulant. Progressivement, en s’informant et en réfléchissant à tout ce qu’elle avait fait pendant ses 9 années d’expérience en laboratoires de recherche, son envie de travailler dans une activité de soutien à la recherche s’est affirmée.
Puis, elle a appris sur LinkedIn, par un de ses anciens collègues de l’association Phydoc, qu’un poste de chargé de mission recherche était vacant à la région Ile de France. Elle a alors repris contact avec cet ancien collègue et les informations qu’ils ont échangées ont confirmé son intérêt pour le poste.
En janvier 2012, Émeline a signé un CDD de droit public de 3 ans, en tant que chargée de mission recherche à la région Ile de France
« Selon moi, ce qui m’a permis de faire la différence lors de l’entretien, c’est ma conviction que je pouvais y arriver avec mon expérience. J’ai travaillé à mettre en avant mes compétences et en particulier ma connaissance du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche à travers mes expériences à l’INSERM, au CNRS et dans les universités, et j’ai réussi à me vendre. » « J’ai pu négocier mon salaire avec le service des ressources humaines. Il faut savoir que le doctorat n’est pas un niveau d’études pris en compte dans les grilles de la fonction publique territoriale, j’ai donc fait en sorte qu’il soit reconnu comme une expérience professionnelle, en présentant le décret correspondant. ».
Pour ce poste, Émeline a assuré la gestion d’appels à projets (allocations doctorales hors domaines d’intérêt majeur et actions visant l’insertion professionnelle des docteurs), et le suivi du GIP Genopole et de deux domaines d’intérêt majeur (« Biothérapies : médecine régénérative, cellules souches et transplantation » et « Cancérologie »). Elle cite plusieurs avantages à exercer ce type de poste dans une administration territoriale : la vision globale du panorama de la recherche et de l’enseignement supérieur ; la dimension politique ; l’accès à des formations et les possibilités d’évolution de ses missions comme par exemple son implication dans le lancement régional du programme européen de recherche et d’innovation Horizon 2020.
Depuis octobre 2014, elle est chargée de mission Recherche et Valorisation à l’agence régionale de l’innovation du Nord-Pas-de-Calais (Nord France Innovation Développement)
L’an dernier, anticipant la fin de son CDD, Émeline a réactivé son réseau. Désireuse de donner une nouvelle dimension à sa carrière et, notamment, de permettre plus de liens entre la recherche et l’innovation, elle a pris contact avec la délégation régionale à la recherche et à la technologie du Nord-Pas-de-Calais. C’est ainsi qu’elle a été informée de la création d’un poste en CDI à l’agence Nord France Innovation Développement, pour lequel elle a postulé et a été recrutée.
Aujourd’hui sa mission est de participer, aux côtés de la Région, à l’animation et au suivi de la stratégie de recherche et d’innovation (SRI-SI) et, en particulier, à la mise en œuvre d’un axe transversal dédié à la valorisation de la recherche. Ce nouveau poste lui permet d’être toujours au contact des chercheurs, des universités, des écoles, des organismes de recherche, mais aussi du tissu économique en lien avec la recherche comme les pôles de compétitivité ou les sites d’excellence.
Ses conseils pour mener à bien son projet professionnel
« Il est indispensable de travailler son réseau, d’être bien visible sur internet et de veiller à maintenir ses profils à jour. Lorsque l’on candidate, il est essentiel d’adapter son CV au poste. Pour l’entretien, il faut bien préparer sa présentation en 5 min, ne pas se dévaloriser ni se survaloriser - notamment en ce qui concerne la thèse - n’oubliez pas que les personnes en face de vous n’ont pas forcément un doctorat, ou alors sur des thématiques qui n’ont rien à voir avec les vôtres, la formation n’est pas le principal ! Il faut parler expérience et compétences. Il ne faut pas hésiter à prendre contact au préalable avec les personnes qui ont un emploi similaire afin de bien comprendre les missions et surtout d’avoir des questions concrètes à poser au recruteur car cela montre notre intérêt et notre capacité à s’approprier la fonction. »
En savoir plus sur la fonction publique territoriale
« Concernant les CDD dans les administrations territoriales, il faut savoir qu’il y a très peu d’annonces, le mieux est faire des candidatures spontanées dans les différentes administrations ou de prendre des contacts directs. Par ailleurs, plusieurs concours de la fonction publique territoriale peuvent intéresser les docteurs : le concours d’attaché territorial (accessible à Bac+3), le concours d’ingénieur territorial (accessible à Bac+5 et pour lequel il faut justifier d’un diplôme technique) et le concours d’administrateur territorial (accessible à partir de Bac+4 et qui requiert une connaissance du droit). »
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