Paroles de docteurs : Le métier de rédacteur médical
Rédacteur médical est un métier de communication, accessible aux personnes disposant d'un solide bagage scientifique. Il s'offre ainsi "naturellement" comme une option, aux docteurs (PhD) en quête d'un destin loin de la paillasse, mais pas si loin de la recherche.
Rencontrée lors d'un des Career Afterwork, organisés par la MAASCC de l'Institut Pasteur, Elodie Pauwels, docteur en génétique accepté de répondre à nos questions. Rédactrice médicale / scientifique depuis 5 ans, elle partage avec nous son parcours, son expérience, et fait la lumière sur ce métier dans cette interview accordée à l'ABG.
Transition recherche - rédaction scientifique
Présentation
Je m’appelle Elodie Pauwels et je suis rédactrice scientifique chez 4Clinics. Après avoir suivi un BTS de biochimie à l’ENCPB et le Magistère de Génétique de l’Université Paris VII, j’ai effectué mon doctorat aux Etats-Unis où j'ai soutenu ma thèse en décembre 2012, avant de rentrer en France peu après.
J’ai à présent 5 années d’expérience en tant que rédactrice médicale/scientifique en CRO (contract research organization, ou société de recherche contractuelle) :
Je peux être amenée à traduire ou revoir la traduction de ces documents.
J’ai été par exemple en charge de la rédaction de rapports d’études cliniques, qui sont ensuite soumis aux autorités sanitaires. Pour cela, je suis en contact direct avec :
- le client ;
- le chef de projet du programme et/ou de l’étude clinique ;
- parfois les data managers ;
- surtout les biostatisticiens, qui fournissent les résultats de l’étude clinique sous forme de tableaux, figures et listings.
Ce qui me plaît dans la rédaction de tels rapports, c'est le point de vue global sur tout ce qui s’est passé pendant l’étude clinique, avoir la primeur de décrire et d’exploiter les résultats obtenus. J’aime aussi la possibilité de passer d’un sujet à l’autre, d’une aire thérapeutique à l’autre ; j’apprends constamment.
Ce que j’aime le moins dans mon métier, c’est peut-être la rigidité des documents réglementaires – il n’y a pas de place pour la créativité, et il faut parfois avoir un œil de lynx pour détecter le moindre détail ou inconsistance sur le fond comme sur la forme, et une certaine lourdeur administrative car toute revue d’un document se doit d’être documentée.
Pour être rédacteur scientifique, il est tout d’abord indispensable d’aimer écrire, de rédiger et communiquer en anglais, et d’être très rigoureux : les attentes des clients peuvent être assez pointues (par exemple sur la tournure des phrases, et les règles d’emploi des lettres majuscules, des espaces, des virgules ou des abréviations).
L’expérience de la recherche académique m’a aidée car pendant les années passées en laboratoire, les chercheurs font l’expérience de :
- l’apprentissage par la lecture ;
- la recherche d’informations sur des sujets parfois différents de leur domaine de prédilection ;
- l’exploitation de résultats y compris statistiques ;
- de la communication écrite et orale en anglais ;
- et du travail en autonomie comme en équipe.
La transition Recherche - Rédaction médicale /scientifique
La raison principale pour laquelle j'ai quitté la recherche académique est l’envie d’avoir un emploi stable ; je voyais autour de moi des chercheurs enchaîner les post-docs et les contrats courts... Avoir deux jours de pause par semaine (le weekend !) n’est pas négligeable non plus.
Trouver mon premier poste de rédactrice n’a pas été aisé. À l’issue de la thèse, je n’avais aucune idée que ce métier existait. À mon retour en France, j’ai recontacté d'anciens professeurs et collègues afin d’étudier le domaine des possibles dans la communication scientifique, car je ne voulais pas trop m’éloigner de la science. J'ai parcouru les job boards spécialisés, tels que l’ABG ou le Leem. Après avoir identifié le métier de rédacteur médical/scientifique, j’ai contacté des anciens du Magistère occupant ce type de poste, afin de me faire une meilleure idée de leur métier et de savoir comment s’était passée la transition pour y parvenir.
J'avais déposé mon CV sur le site de l'ABG, et je consultais quotidiennement les annonces. C’est ainsi que je suis retournée en laboratoire de recherche le temps d’une vacation de quelques mois. Je m’étais également inscrite auprès de l’APEC, mais les démarches ayant pris du temps, cela n’a finalement pas été utile.
Le processus de recrutement
Dans les annonces d’emploi de rédacteur auxquelles je postulais en 2013, avoir un doctorat n’était pas forcément un prérequis, mais un avantage certain. Au début de ma recherche, un ancien collègue, travaillant dans l’industrie pharmaceutique, avait revu mon CV et m’avait donné des conseils pour l’améliorer. Je n’ai pas spécialement sollicité d’aide pour me préparer aux entretiens ; chaque entretien me servait d’entraînement pour le suivant.
Bien que manquant d’expérience en tant que rédactrice, mes efforts ont fini par aboutir après plusieurs mois. Le plus curieux est qu’il s’agissait d’une des candidatures qui m’a pris le moins de temps, via LinkedIn. Je ne me souviens pas avoir écrit de lettre de motivation pour ce poste. Ce qui a fait la différence ?
- avoir vécu plusieurs années dans un pays anglophone ;
- avoir rédigé ma thèse en anglais ;
- et mon immédiate disponibilité.
J’ai commencé mon premier emploi de rédactrice le lendemain de mon unique entretien pour le poste !
Je n’ai jamais ressenti de pression à ce sujet lors des entretiens. Les profils de chercheurs ayant passé des années à se consacrer à un sujet, et de médecins/ pharmaciens sont différents, ou plutôt complémentaires. Même si l’annonce de rédacteur stipule qu’il est préférable d’être médecin/pharmacien, cela ne doit pas empêcher un doctorant/docteur de postuler : préférable n'est pas obligatoire.
Mobilité
Quelles étaient vos motivations pour partir à l’étranger ?
Plusieurs raisons m'ont motivée et il est difficile de les classer. Il y a bien sûr eu une opportunité unique qui s’est présentée à moi, mais aussi mon goût pour le voyage, et enfin mon envie d'améliorer mon niveau d'anglais professionnel (et de tous les jours).
J’ai eu beaucoup de chance et de facilités pour les démarches : mon visa de travail était financé par le centre de recherche qui m’accueillait, et je recevais là-bas un salaire me permettant de vivre correctement.
Le recrutement a été très simple : à l’issue de mon stage de master 2 en laboratoire de recherche, j’ai simplement fait partie des personnes ayant traversé l’Atlantique pour monter un laboratoire ‘jumeau’ tout en poursuivant les travaux de recherche.
Outre la pratique de l’anglais, cette expérience m’a permis de développer mes capacités à :
- m'adapter à un environnement nouveau ;
- travailler dans un environnement international.
Des acquis utiles lorsque l'on postule dans une entreprise implantée dans plusieurs pays, pour un poste nécessitant des interactions avec des clients internationaux, ou encore pour un poste basé dans une localité que vous découvrez.
Sortez de votre zone de confort et n’hésitez pas à partir quelques temps à l’étranger si vous en avez la possibilité. C’est bien de se questionner avant d’agir, mais ne soyez pas trop réticents. La vie d’expatrié est tellement enrichissante : osez l’immersion dans une autre culture ! Cela vous ouvrira l’esprit, changera votre façon de voir et d’appréhender les choses, élargira votre réseau, et bien sûr restera en vous comme une formidable expérience.
Les conseils
- Avant de se lancer dans les candidatures, il est nécessaire de se projeter. Contrairement à la vie de chercheur, le métier de rédacteur est bien plus sédentaire : il faut s’attendre à passer une partie si ce n’est l’intégralité des heures de travail devant un ordinateur.
- Explorez le métier /secteur d'activité qui vous intéresse, notamment grâce au réseau. Il faut aussi savoir qu’il y a plusieurs métiers de rédacteurs (rédaction scientifique [articles, revues, posters…], rédaction réglementaire [protocoles, rapports d’études cliniques…]) qui ne s’exercent pas forcément dans les mêmes entreprises. Si le réglementaire vous tente, sachez que vous aurez souvent à utiliser voire produire de longs documents, parfois de plusieurs milliers de pages.
- Enfin, ne soyez pas trop exigeant pour un premier poste ; il vous permettra d’avoir la fameuse première expérience et de vous faire une idée du métier. Il sera ensuite plus simple de trouver éventuellement un autre poste qui vous correspondra mieux.
- Développer son réseau est une activité régulière. Toute rencontre professionnelle, collaboration, discussion peut vous amener à être mis en contact avec la personne qui sera peut-être votre prochain employeur.
- Participez aux rencontres organisées par les centres de recherche avec des professionnels hors recherche académique, y compris si la thématique ne vous emballe pas complètement : qui sait, peut-être aviez-vous une idée erronée d’un métier, ou ce que vous y apprendrez vous ouvrira d’autres perspectives.
- Osez aller vers les autres et poser des questions. Bien sûr, les réseaux sociaux professionnels vont de pair avec les rencontres réelles : ces outils permettent de les prolonger, parofois de les déclencher, mais aussi de les entretenir.
Je ne suis pas chargée du recrutement de PhD, mais si je devais recruter pour un poste tel que le mien, je testerais évidemment l’anglais : le candidat doit savoir se présenter, exposer son parcours de manière fluide et soutenir une conversation.
Attention, sachez qu’il y a parfois des exercices de rédaction lors du recrutement, qui visent aussi à tester la capacité d’analyse et de synthèse. J’attendrais également que le candidat ait fait preuve de curiosité en se renseignant sur le poste à pourvoir, par exemple en ayant lu quelques textes réglementaires basiques ou en posant des questions un peu techniques.
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