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Paroles de docteurs : s’expatrier en Allemagne pour son post-doc

Isabelle Arnoux est docteur en neurosciences. Partie en Allemagne pour réaliser un postdoc, elle nous raconte cette expérience et donne quelques conseils pratiques pour préparer et vivre au mieux cette expérience.

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Article rédigé par Isabelle Arnoux

Comment vous est venue l'idée du Postdoctorat ?

Au moment de soutenir ma thèse, une question fatidique ne cessait de revenir : « que faire après ? ». Après une licence de science du vivant et un master de physiopathologie à l’université Paris Descartes, je m’étais lancée dans une thèse de neuroscience qui a duré quatre ans.

Personnellement, j’ai eu la chance de réaliser ma thèse dans d’excellentes conditions. Cette expérience positive dans la recherche académique combinée avec ma passion pour les sciences fondamentales m’a confortée dans mon désir d’entreprendre une carrière dans ce domaine. Ainsi, je décidais de me lancer dans un post-doc à la suite de ma thèse.


De quelle manière vous y êtes-vous préparée ?

J’ai donc élaboré un plan d’action afin de satisfaire mes attentes et de construire un parcours en accord avec mes objectifs à long terme. Dans un premier temps, j’ai défini mon projet postdoctoral en fonction de mon intérêt pour certains sujets et des techniques que je souhaitais apprendre. Sur les conseils de mon directeur de thèse, j’ai également tenu compte des actualités de mon domaine, c’est à dire les neurosciences, pour développer un projet dans l’ère du temps. Cet aspect peut être important lorsque l’on est amené à rechercher un financement car les institutions préfèrent investir dans un sujet innovant et prometteur plutôt que dans une thématique déjà bien couverte. Ensuite, il faut trouver où réaliser ce projet. Pour ma part, je désirai acquérir une expérience internationale et tester un autre système de recherche. Je voulais découvrir comment fonctionne la recherche dans un autre pays, les relations humaines, les moyens alloués… 

 

Pourquoi votre choix s'est-il porté sur l'Allemagne ?

J’ai décidé de m’expatrier en Allemagne pour des raisons familiales et parce que ce pays investit massivement dans la recherche et le développement. L’Allemagne offre de nombreuses opportunités pour les jeunes chercheurs de réaliser leur post-doc à l’université, dans les institutions de recherche non-universitaires (par exemple : Fraunhofer-Gesellschaft, Max-Planck-Gesellschaft et Helmholtz Association) ou en entreprise.

 

De quelle manière s'est déroulé le processus de recrutement ?

J’ai envoyé mes candidatures à trois laboratoires différents dans la région de Francfort incluant des universités et l’institut Max-Planck. Les directeurs de laboratoire m’ont ensuite conviée à visiter leur laboratoire et à donner un séminaire afin de présenter mon travail de thèse. Cela fut une excellente opportunité de rencontrer les personnes, discuter d’un éventuel projet, de voir les équipements, d’échanger avec les autres membres du laboratoire…

Ces entretiens sont aussi une bonne occasion pour les chefs d’équipe de juger si le candidat est compétent et s’il aurait sa place au sein de son laboratoire.

Après ces visites, j’ai pris la décision de rejoindre le groupe qui me plaisait le plus pour ses qualités scientifiques et humaines. Je pense qu’il est important de pouvoir facilement échanger avec ses collègues, surtout lorsque l’on est nouveau et qu’on ne connait pas encore le mode de fonctionnement du laboratoire et de l’Institut.

 

Comment votre postdoctorat est-il financé ?

Coté financement, mon directeur de laboratoire venait de recevoir une subvention européenne de deux ans (via « European Huntington's Disease Network ») pour mon projet postdoctoral donc je n’ai pas eu à chercher mon propre financement avant de rejoindre le laboratoire. Cela m’a permis de commencer tout de suite. Cette subvention a financé ma bourse de recherche, tout en impliquant divers avantages et inconvénients.

En effet, les bourses sont non-imposables donc il n’y a pas de taxes prélevées sur le montant perçu ; mais cela veut également dire aussi :

  • que l’on ne cotise pas pour la retraite ;
  • qu’il faut financer soi-même sa sécurité sociale via des organismes privés et onéreux.

Par chance, cette situation évolue puisqu'il y a deux ans, l’institut Max-Planck a décidé de convertir les bourses postdoctorales en contrats de travail afin de garantir aux jeunes chercheurs un meilleur statut. Il est toujours possible de se voir attribuer une bourse pour financer son post-doc mais de plus en plus de post-doctorants ont maintenant accès à un contrat de travail. J’ai moi-même vécu ce progrès ; après deux ans à bénéficier d’une bourse, j’ai pu signer un contrat avec une université ce qui a nettement amélioré ma qualité de vie.

 

Qu'en est-il de votre autonomie ?

Lorsque j’ai rejoint mon laboratoire de post-doc, le sujet sur lequel j’allais travailler avait déjà été défini pour recevoir ce financement européen. Néanmoins, après avoir obtenu les premiers résultats, j’ai pu explorer certaines pistes qui n’avaient pas été inclues dans le projet initial et qui semblaient prometteuses. J’ai la chance de pouvoir travailler en parfaite autonomie et de discuter régulièrement de mes résultats avec mon responsable et lors des réunions du laboratoire ou d’institut. Je n’ai pas ressenti de pression particulière concernant la publication de mes données. Mais cela dépend de la situation du laboratoire et il y a un peu moins de pression lorsque des gros financements sont déjà alloués et que certains projets sont au stade de la publication.

 

Quelles différences percevez-vous entre vie et recherche Française VS Allemande ?

La différence entre les laboratoires français et allemands ? En réalité dans la vie de tous les jours, il y a peu de différences. Mis à part une réunion hebdomadaire avec présence obligatoire pour tous les membres, l’emploi du temps est flexible et les temps dédiés à l’expérimentation, l’analyse et l’interprétation sont laissés à l’appréciation de chacun. Les deux pays étant membre de l’Union Européenne, les mêmes règles établies par la Commission Européenne doivent être appliquées en ce qui concerne la sécurité dans les laboratoires, l’utilisation de modèles biologiques…

J’ai toutefois noté qu'en Allemagne :

  • il y a moins d’évaluation de laboratoire, de type HCERES ;
  • les post-doctorants peuvent postuler à davantage de financements inter et extra-universitaires ;
  • il est plus courant et plus simple pour les doctorants et docteurs de trouver un emploi en dehors du secteur académique. En effet, en Allemagne, peu de docteurs décident de continuer dans la recherche académique et s’orientent facilement vers l’entreprise, l’expertise-conseil, la gestion de projet…   

 

Le mot de la fin ? ^_^

Mon expérience postdoctorale fut bénéfique et je ne regrette absolument pas de l’avoir réalisée en Allemagne. Ce séjour à l’étranger m’a permis d’expérimenter un autre mode de fonctionnement et de rencontrer des personnes formidables. Ce fut une expérience épanouissante et formatrice que je conseille aux futurs docteurs français.

Mentions légales : Je travaille pour le centre universitaire médical de Mayence et les opinions exprimées ici sont personnelles et non celles de mon employeur.

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Coopération franco-allemande ABG-UFA

L’Université franco-allemande (UFA) a pour mission principale de susciter, d’évaluer et de participer au financement de cursus franco-allemands dans les disciplines les plus variées. La coopération entre l’ABG et l’UFA offre un point d’entrée vers le monde de la recherche et le marché de l’emploi des deux pays. L’objectif et d’accompagner les (futurs) doctorants et docteurs dans leur projet de mobilité franco-allemande et et de soutenir les universités, organismes de recherche et entreprises qui souhaitent renforcer leur visibilité et recruter au niveau international.