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Paroles de docteurs : la mobilité doctorale vers le Royaume-Uni à la suite du Brexit

Mathilde Maillard revient cette fois sur son expérience de mobilité vers le Royaume-Uni, au cours de sa troisième année de doctorat. Un séjour de plus de 4 mois riche en rebondissements, au cours duquel elle fut accueillie par le laboratoire CASC (Centre for Advanced Structural Ceramics) de l'Imperial College de Londres.

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Quelles étaient vos motivations pour partir à l’étranger ? Pourquoi avoir choisi Le Royaume Uni en cette période si particulière ? Pourquoi l’Imperial College ? 

Ayant eu un parcours universitaire, au cours duquel je n’ai pas profité du programme Erasmus, j’ai souvent regretté de ne pas avoir vécu d’aventure à l’étranger. C’est pourquoi, au retour d’une conférence internationale lors de ma première année de doctorat, j’ai interrogé ma hiérarchie quant à la possibilité d’envisager un séjour de recherche au sein d’un laboratoire étranger. Ces derniers m’ont répondu « oui », car l’association européenne de céramiques disposait de fonds dédiés aux projets de mobilité. J’ai alors sélectionné un laboratoire londonien, pionnier de mon domaine, où j’ai eu l’occasion de « prendre la température » à la suite d’une summer school que j’y ai suivie. J’ai ensuite entrepris des négociations avec des chercheurs de ce laboratoire (CASC). Nous avons convenu d’un séjour de trois mois au printemps 2020 (au cours de ma deuxième année), soit au début de la pandémie. Le projet était déjà bien avancé et j’avais personnellement pris des dispositions pour quitter la France, c’est pourquoi nous avons donc décidé de maintenir le séjour, mais en le repoussant au mois de septembre.

Le BREXIT a également posé son lot de problèmes puisque le Royaume-Uni, en quittant le programme Erasmus, a dû revoir l’intégralité de sa politique en matière de frais de scolarité. Il était très compliqué de partir à l’automne 2020 car nous ne disposions pas d’une visibilité claire sur les prérequis administratifs pour résider au Royaume-Uni en tant qu’étudiante. Nous avons donc choisi d’attendre janvier. À ce moment-là, en fin de troisième année, je sentais que ce n’était pas forcément la meilleure chose à faire, mais je ne souhaitais pas abandonner ce projet qui était déjà trop avancé. Ce projet de mobilité s’est révélé plus difficile à mettre en œuvre que prévu, du fait des lourdeurs administratives (en amont et sur place pour accéder aux installations du laboratoire) et du fait de ne pas pouvoir rentrer en France. Par chance, j’ai été très bien encadrée et accompagnée par les étudiant-es du laboratoire qui se sont montrés très accueillants et qui m’ont apporté leur aide à maintes reprises.

Quel était l’objectif de votre projet de mobilité ? Combien de temps a duré cette expérience ? Comment avez-vous préparé votre projet ? Comment l’avez-vous financé ? Comment s’est passé le recrutement ?

Le projet initial consistait à réaliser des multi-matériaux céramiques par fabrication additive via une méthode développée à l’Imperial College London. Je souhaitais améliorer mon anglais tout en bénéficiant d’un encadrement scientifique différent, afin d’élargir mes connaissances et d’enrichir mes compétences. Cette expérience, prévue initialement sur une durée de 3 mois, a finalement duré 4 mois et demi et a été financé par une bourse de mobilité obtenue par le JECS ainsi qu’une partie financière de mon projet ANR. Le projet a été monté avec une équipe de l’Imperial College London, le CASC, dans lequel le Dr. Florian Bouville qui a effectué son doctorat au sein du laboratoire MATEIS, travaille depuis peu. Mon directeur de thèse connait également le directeur du laboratoire, ce qui a facilité les échanges. Cependant, avec l’appui du JECS et l’aide du young ceramists network, il aurait été envisageable de rejoindre un autre laboratoire.

Abordons maintenant la question des freins, notamment administratifs et logistiques (ceux auxquels on pense de prime abord). Il semble que vous ayez rencontré quelques embûches en chemin… Racontez-nous votre périple !

Pour l’anecdote j’ai mis un mois et 3 semaines à obtenir les accès complets à mon laboratoire. Il était nécessaire de remplir de nombreux formulaires, et de contacter plusieurs personnes dans un ordre bien précis (ce que je n’avais absolument pas compris). J’avais également fait le choix d’expédier mes affaires personnelles via le transporteur DHL car, partant pour plusieurs mois, une petite valise ne suffisait pas. Résultat : mon ordinateur personnel est arrivé défectueux, et mes affaires se sont retrouvées retenues à la douane (du fait des conséquences du BREXIT) et ne me furent restituées que contre une importante somme d’argent. Enfin, le plus compliqué fut l’accès à certaines installations et à du matériel d’expérimentation. J’ai dû être systématiquement accompagnée d’un.e étudiant-e permanent-e lorsque je souhaitais mener des expériences.

Je recommande fortement d’éviter la mobilité vers le Royaume-Uni pour le moment. Peut-être faut-il patienter, le temps de voir de quelle manière sera gérée la rentrée prochaine. De plus, ce n’est pas un scoop, mais Londres est une ville où la vie coûte extrêmement cher. Si bien que, même aidée de ma bourse,  la fin du séjour devenait financièrement compliquée !

 

Votre laboratoire/ ED / Université vous a-t-il/elle accompagnée dans vos démarches ? 

Mon laboratoire a été très présent, surtout la superbe équipe de gestionnaires, et bien évidemment mes directeurs de thèse. L’École Doctorale a refusé de m’aider financièrement car la mobilité était « trop longue », et l’intégralité de ce projet de mobilité a été organisé sans impliquer les Universités auxquelles les laboratoires sont rattachés.

Qu’en est-il des contraintes liées à la Covid-19 ? Au départ / voyage / à l’arrivé / sur place ? Racontez-nous… 

Les contraintes liées au COVID ont surtout pris la forme des papiers exigés à l’aller, comme au retour. Pour le retour, j’ai fait le choix de rentrer en voiture afin de limiter mes frais et autres dédommagements d’envoi sur mes affaires personnelles. Rien de tout cela n’a été simple. Enfin, le fait de ne pas pouvoir rentrer fréquemment à Paris via l’Eurostar (pourtant si pratique et rapide) s’est avéré contraignant sur le plan personnel.

On pense toujours que l’herbe est plus verte ailleurs mais finalement, on ne se rend jamais compte de ce que l’on a au quotidien. Cette expérience de mobilité, enrichissante mais difficile, m’a permis de prendre conscience et d’apprécier plus encore les qualités humaines de mes collaborateurs, ainsi que le niveau scientifique de mon laboratoire en France.


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Nous avons profité de cet été pour solliciter Mathilde Maillard : une doctorante en sciences des matériaux et entrepreneuse lyonnaise. Avec elle, nous avons abordé son parcours, sa récente expérience de mobilité à Londres, ainsi que ses (nombreux) engagements en marge du doctorat ! Dans ce premier article, elle partage avec nous son parcours et nous fait part de sa perception de l'experience doctorale !